Gironde : l’île où la nature est reine
Publié le 28 août 2016 par Blanchemanche
#GirondePubliéle 26/08/2016
par AUBIN LARATTEAprès la tempête de 1999, le Département a choisi de laisser la nature se réapproprier l’Île Nouvelle. Du mardi au dimanche, des traversées permettent de visiter ce site unique.© PHOTOS FABIEN COTTEREAU
Fermée quatre ans, l’île Nouvelle vit depuis sa réouverture, à la mi-juin, au rythme des flots de touristes qui déambulent dans sa partie sud, parmi la faune et la flore.
Située sur l'estuaire, entre Blaye sur une rive et Cussac-Fort-Médoc sur l'autre, l'île Nouvelle vit au rythme des marées et des saisons. S'y est ajouté, depuis juin, le ballet des bateaux libérant des hordes de touristes. Le bout de terre, né de la réunion des îles Bouchaud et Sans-Pain au XIXe siècle, est resté fermé au public pendant quatre ans. Assez d'années pour permettre à la nature d'y reprendre ses droits.
Le vent souffle quelque peu ce dimanche-là. Le frottement des feuilles fait un léger bruit. Une soixantaine de touristes qui viennent de débarquer déambulent sur l'allée principale. Plusieurs bâtiments y ont été réhabilités, rappelant le temps où l'île était encore habitée par les ouvriers viticoles. Les derniers habitants sont partis en 1973.Dans l'ancien chai, le seul bâtiment ouvert au public, des photos du site vu du ciel pendent du plafond. Elles montrent comment la nature règne maintenant en maître. Seule la zone située à l'extrême sud, celle des marais et de la forêt alluviale, est accessible aux flâneurs. Face aux touristes, les animaux qui la peuplent préfèrent se terrer. À l'instar de cette grenouille surprise dans l'herbe des marais. Ou de ces nombreux lézards se faufilant dans les fissures béantes du sol. Depuis un observatoire posé au bord de l'eau, on peut contempler le vol des oiseaux.Xynthia ouvre une brèche
L'île était autrefois exclusivement destinée à l'agriculture. La flore, comme la faune, était quasiment inexistante. En 1993, son exploitation a été confiée à la commune de Blaye et au Département. Après la tempête de 1999, ce dernier a décidé de renaturer le site et de laisser le fleuve l'inonder.« La tempête nous a montré que l'île était sensible et qu'on ne peut pas faire ce qu'on voulait dessus », explique Joackim Dufour, référent médiation pour les espaces naturels au Département. Une passerelle en bois sur le chemin rappelle que pendant les hautes marées, l'eau vient jusqu'à ce niveau. Au village, un bâtiment en hauteur permet de se réfugier en cas de submersion. Le flux d'eau entrant dans le marais est régulé par une écluse. Aujourd'hui, la végétation y abonde.Au nord, la tempête Xynthia a ouvert en 2010 une brèche dans la digue. Il a été décidé de ne rien faire. L'eau de l'estuaire coule maintenant au milieu même de l'île. Cette zone, la plus large et la plus riche, devrait rester fermée. Il est même possible qu'elle disparaisse un jour.Un lieu de migrations
Après un peu plus de deux heures de balade, le bateau du retour approche du ponton. Deux kayakistes venus avec leur embarcation repartent. Un voilier blanc longe la côte. La soixantaine de touristes qui ont profité de cette visite s'en va. Le soir arrive, le peuple des animaux reprend ses droits. Un oiseau blanc survole l'île et s'y pose. À lui seul, il illustre ce ballet incessant en période de migration. Située sur un axe migratoire important, l'île Nouvelle est devenue un point de passage privilégié pour les volatiles en route vers l'Afrique.« Ils cherchent un lieu calme et où il y a de la nourriture, c'est ce que l'île offre maintenant », explique Joackim Dufour. On dénombre près de 200 espèces différentes quand il y en avait à peine 100 en 2006. En 2010, c'est ici qu'une spatule blanche avait posé son nid. Une première en Gironde, « une vraie réussite » pour le Conseil départemental. Depuis, neuf couples y ont élu domicile. L'île Nouvelle s'est aussi transformée en paradis maritime, grâce à ses vasières, véritable nourricerie pour les poissons. La nuit tombe et demain, d'autres touristes viendront.http://www.sudouest.fr/2016/08/26/l-ile-ou-la-nature-est-reine-2478773-3227.php