Magazine Histoire
Un type d'homme serait mon idéal, à défaut de modèle. Son équilibre se modifie, se détruit et se reforme dans le champ de bataille des contradictions. Il ne veut pas quitter le terrain des contradictions. Il ne veut pas expulser le négatif du monde, mais participer à ses énergies. Il ne veut pas détruire le positif, mais résister à la pétrification. Il ne veut ni fuir le réel, ni l'accepter, mais il voudrait que le réel soit transformé, et peut-être espère-t-il qu'il sera transfiguré un jour. Il s'efforce de rendre créatrice en lui la lutte des contraires.
Tragédie et comédie, épopée et farce sont pour lui indissolublement présentes à chaque instant.
Il se sait infirme, particulier, mais ce qu'il ressent est l'universelle misère de chacun et non la solitude. La solitude est la migraine du monde bourgeois.
Cet homme ne hait rien ni personne. Ses deux passions sont l'amour et la curiosité. Sa curiosité est une énergie sans frontières. Ses amours ne s'excluent ni ne s'affadissent.
Cet homme adulte est en même temps trés vieux, enfant et adolescent. Il est toujours en formation. Il s'obstine à chercher l'au-delà. Edgar Morin, Pour et contre Marx, Editeur Temps Présent, 2010, pp 58 et 59
Etre pleinement libres et unis, voilà quel est l'idéal prochain des hommes. Or les hommes se demanderont nécessairement comment chaque conscience, chaque moi particulier et clos peuvent, en développant leur liberté, s'unir étroitement aux autres "moi"; comment tout homme est d'autant plus libre qu'il est uni aux autres hommes et d'autant plus uni aux autres hommes qu'il est plus libre. Il faut bien qu'il y ait dans la conscience elle-même un principe de liberté et d'union. Or quel peut bien être ce principe qui unit toutes les consciences en exaltant chacune d'elles ? Sinon la conscience absolue et divine qui est, tout ensemble, liberté infinie, et qui, présente à toutes les consciences particulières, leur communique cette liberté et cette unité ? Je ne suis donc pas inquiet, pour l'avenir religieux de l'humanité, de ce qu'on appelle le matérialisme des socialistes ; ou plutôt je m'en réjouis, car il ne faut pas que la religion puisse apparaître aux hommes comme quelque chose d'extérieur à la vie même. Il faut qu'elle soit la vie elle-même prenant conscience de son principe. Jean Jaurès, cité par Jean Onimus dans "Teilhard de Chardin et le mystère de la terre", Albin Michel, 1991, p 163 Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest Libellés : Citations