Il y avait longtemps que je tournais autour de cette jeune auteure suédoise très en vogue, sans oser entrer dans son monde.
Son dernier livre est venu à moi, par l’entremise de Victoire. Et je me suis rendue compte que je tombais dans le dernier opus d’une série (ce livre en constitue le neuvième volet), où foisonnent les personnages dont les destins s’entrecroisent, surtout qu’ils appartiennent parfois à la même famille et en tous cas à la même étroite communauté de la petite ville côtière de Fjällbacka. Une trame qui n’est pas sans faire penser aux déboires familiaux de l’inspecteur Wallander créé par le regretté Henning Mankel, ou à ceux du héros fétiche d’Arnaldur Indridasson : il faut croire que la longueur des hivers scandinaves, l’omniprésence de la neige et des températures en dessous de zéro ne plaident pas en faveur du bonheur domestique.
Le personnage principal, Erica Falck, auteur de littérature criminelle – tiens, comme c’est original ! – est mariée à l’un des inspecteurs de police du secteur, Patrick Hedström, qui partage avec elle ses doutes comme ses intuitions : évidemment, elle est plus maline que lui et le met souvent en porte-à-faux avec sa hiérarchie … Justement, elle a entrepris d’écrire l’histoire d’une criminelle, Laila, enfermée dans un établissement de soins et qui reste dans un mutisme absolu après avoir avoué le meurtre de son mari violent, un dompteur de lions, près de 30 ans auparavant … Cette histoire n’a rien à voir avec des enlèvements de jeunes filles … ? Peut-être pas !!!
L’affaire, qui met en émoi la petite ville suédoise, est le sort tragique de la jeune cavalière Victoria, retrouvée après avoir été enlevée, séquestrée et mutilée sauvagement avant de mourir. Et elle n’est pas la seule à avoir disparu, mais elle seule semble avoir pu s’échapper avant de trouver la mort. Un tueur de jeunes filles rôde donc dans la région … mais il ne laisse aucun indice.
Ce n’est pas l’aspect « gore » qui prédomine dans cet ouvrage mais paradoxalement les relations entre parents et enfants, la difficulté d’assumer la vie quotidienne entre vie professionnelle et vie familiale, l’angoisse de l’échec de l’éducation, la transmission des savoirs et aussi de la plus sanglante violence, le mal absolu intra-familial.
J’ai poursuivi ma lecture jusqu’à la dernière page, mais j’ai trouvé les explications du nœud de l’intrigue à la fois bâclées et totalement invraisemblables. Ce polar bien noir dans la neige bien froide m’a permis de me faire une idée du talent d’écriture et d’imagination de son auteur. La littérature a cet avantage de lâcher la bride à l’imagination la plus débridée. Cependant, je ne poursuivrai pas plus loin mon analyse : je suis encore trop sensible à la vraisemblance.
Le dompteur de lions, polar de Camilla Läckberg (Lejontämjaren ), traduit du suédois par Lena Grumbach, publié par Actes Sud, 388 p., 23 €