C’est là qu’on verrait le prétendu bac+huit ou la pseudo ex-cadre de plus de cinquante ans cesser de faire la fine bouche et s’empresser d’occuper ces emplois, à la fois gratifiants et grassement rémunérés que l’ANPE a tant de mal à pourvoir. Plus besoin pour trouver des repiqueurs de poireaux, des hôtesses de caisses à temps partiel et des petites mains pour des ateliers, qui cesseraient du coup d’être clandestins, d’avoir recours à la main d’œuvre étrangère. D’autant que celle-ci est devenue d’une intolérable exigence depuis que, par un invraisemblable laxisme, Monsieur Brice Hortefeux, sans doute mal conseillé, lui a ouvert toutes grandes les portes à la régularisation (*).
J’ajoute qu’avoir affublé le mot emploi du qualificatif raisonnable est une erreur lourde de menaces pour l’avenir. J’en avertis charitablement Monsieur Bertrand : il faut se garder comme de la peste des adjectifs. Emploi et raisonnable vont à peu près aussi bien ensemble que démocratie et populaire, guerre et propre ou frappe et chirurgicale. Comment faire comprendre au senior-de-plus-de-50-ans ou au jeune-des-cités-sans-qualification qu’en lui proposant un poste de nettoyeur de cuve à 45 heures par semaine pour une rémunération raisonnable, on est d’une générosité qui frise l’inconscience ? Monsieur Bertrand sait-il que n’importe quel Rmiste peut lire, à la page pipole, de Paris Match (**) l’information suivante : A la fin du repas de famille qui réunit chaque année les descendants de la famille De Wendel, Ernest Antoine Sellières a glissé à sa tante Albertine «Finalement, Tantinette, vous avez toujours un raisonnable paquet d’actions… ». Dans ces conditions, unir emploi et raisonnable c’est rendre impossible le travail de tous les DRH de France et de Navarre.
Chambolle
(*) Brice, reprends toi avant que les choses ne tournent au désastre : Pas plus tard que ce matin, ma bonne philippine m’a menacé d’aller à la préfecture si je ne lui accordais pas une demi journée de congé par trimestre.
(**) Après être passé du salon de coiffure à la salle d’attente du dentiste, les exemplaires, certes un peu défraîchis de ce magazine, finissent souvent dans les halls d’accueil des Restos du Cœur ou des Secours Populaires et Catholiques où n’importe qui peut les consulter.
[Le Chat : Vous aurez noté la parfaite complémentarité de cette note avec celle d’hier . En effet il est de plus en plus question de proposer à ce pauvre Raymond Domenech un emploi de “repiqueur de poireaux”, ne serait-ce que pour lui permettre d’élever avec décence sa petite Victoire.]