Au lever du jour, je découvre
l’extérieur de mon gîte. Une terrasse fleurie, un jardin herbeux bordé de
quelques pommiers, une large prairie en contre-bas dans laquelle paissent
nonchalamment quelques bovins et, plus loin, le clocher de l’abbaye de la
Bénisson Dieu (tout un programme), édifice cistercien du douzième siècle. La
brume s’évapore lentement du pré tandis que le soleil se lève donnant au site
des couleurs orangées et un spectacle naturel époustouflant.
Mon fils Daniel arrive en voiture
dans la matinée, tandis que le troisième larron de ma progéniture n’a hélas pu
nous rejoindre. Ce midi-là, donc, je déjeune avec mes deux fils présents, ces
moments sont si rares que je les savoure intensément. Nous avons choisi une
taverne proche de la mairie de Roanne afin d’accueillir les mariés à l’heure
dite. Ensuite la cérémonie se poursuit à l’église. Une attente de deux heures
s’impose qu’il n’est pas raisonnable d’envisager sans se désaltérer et c’est
ainsi que la mariée, sa grand-mère et un grand nombre d’invités se sont
retrouvés au bistrot d’en face.
A la sortie de l’église, Salomé
et Romain sont salués par une pluie de fleurs de lavande minutieusement
préparés par leur Mamie Françoise.
Tout cela donnant soif puisqu’il
s’était écoulé du temps depuis le bistrot avant l’église, que la communion se
fait rarement sous les deux espèces et d’ailleurs je ne communie plus dans les
églises depuis fort longtemps, il était temps d’abreuver les convives par
quelques coups de muscadet tout en procédant à quelques photos de groupes
familiaux ce qui n’est pas simple dans les fratries à rallonge telles que la
nôtre.
Puis les convives abreuvés eurent
faim (enfin presque), et c’est à la salle des fêtes communale de Noailly qu’eut
lieu la suite des festivités, cela expliquant mon obstination à trouver un
logement sur cette commune.
Le repas nuptial fut ponctué
d’intermèdes musicaux, des chansons, des jeux, interprétés et animés par
différents invités avant de laisser place au disc-jockey.
Finalement, il y a peu de temps
que je m’amuse dans les soirées dansantes. Avant cela m’ennuyait, désormais
j’ai plaisir à voir les jeunes danser sur les tubes de Claude François ou
Téléphone, les anciens bouger sur de la musique techno et même les électeurs de
droite se remuer sur Trust en braillant
« An-ti-so-ciaaaaaaaal » !
Dimanche et lundi les départs se succèdent mais nous sommes encore nombreux sur place et allons près de Roanne pour
un pique-nique familial.
A partir de mardi, sur les conseils avisés de
Salomé, régionale de l’étape, et guidé par le manuel du randonneur roannais, je
pars de bonne heure en solitaire vers le lieudit « La Croix du Sud », puis l'après-midi au village de Saint-Alban Les Eaux dans
« Les gorges du désert ». Sur le plan esthétique la nièce avait vu
juste, entre le lavoir du village et son buste à tête de lion,
la rivière que nous longeons jusqu’à la cascade et la vue magnifique du point
culminant sur les monts roannais.
Après la transpiration d’une
marche estivale, un rafraichissement s’impose. Le projet nous conduit à Saint-Haon-le-Châtel,
où la fête médiévale des jours passés est encore marquée par sa décoration. Aux
coins des rues, devant les habitations et les rares commerces, quelques
marionnettes représentant les personnages de l’époque célébrée animent encore
le bourg. Devant le breuvage désaltérant, nous bavardons avec les convives de
la table voisine un ancien musicien devenu peintre, Miguel ALCALA, et sa nièce danseuse de
Flamenco.
Mercredi, notre emploi du temps
permet un départ pour la journée. C’est du village de Saint-Rirand que débute
notre marche vers le plateau de la Verrerie. Certes, la montée est rude mais la
marche vaut le déplacement. Nous traversons hêtraies et forêts pour atteindre la
borne marquant la limite entre la Loire et l’Allier, et par conséquent les
régions Rhône-Alpes et Auvergne, je franchis donc symboliquement cette
frontière avant que le chemin nous mène sur le plateau dans la lande où nous
dégustons quelques myrtilles sauvages sur le plateau à 1000 mètres d’altitude.
Par temps clair, vue sur le Mont-Blanc et le Puy de Dôme dit le manuel, nous
n’aurons pas cette chance. Après quelques problèmes de balisage que je
tâcherais de ne pas omettre de signaler au rédacteur du manuel, la descente se
fait par une piste abrupte et glissante, un peu moins agréable.
Comme le veut l’usage, nous
partons ensuite en quête d’un estaminet hélas, le commerce du rafraîchissement dans la région n’est pas florissant et
le bar de Noailly est banni depuis le premier jour après un incident de
malamabilité de la tenancière, notre quête de breuvage s’achève finalement chez
la couturière du village de Bénisson-Dieu par l’emplette de quelques boissons
fraiches annoncées depuis la route !