Guilt // Saison 1. 10 épisodes.
BILAN
Alors que Freeform continue de lancer de nouvelles séries à l’aube de la disparition de certaines de ses séries historiques (Switched at Birth s’en va l’année prochaine et Pretty Little Liars semble suivre le même chemin prochainement), Guilt s’inscrit parfaitement dans cette volonté de lancer des thrillers adolescents en tout genre sans pour autant parvenir à être aussi bons que prévus. Inspirée d’un fait divers, Guilt avait toutes les cartes en main pour réussir et nous plonger dans un univers sombre et complexe. Sauf que le jeu ne vaut pas vraiment la chandelle. Disons que la série prend tout un tas de raccourcis narratifs comme si le spectateur n’était pas suffisamment intelligent pour comprendre ce qui se passe. Bien entendu, tout n’est pas à jeter dans cette série qui conserve à certains moments les clés d’un thriller qui ne demande pas grand chose mais franchement, je m’attendais à beaucoup mieux. Alors que la franchise Law & Order fait son sel depuis des années sur des faits divers, Freeform s’est dit que ce serait une bonne idée que d’en adapter un et d’en faire une série. Parfait en plus puisque cela met en scène des adolescents ou plutôt de jeunes personnages qui pourraient donc permettre au jeune public de la chaîne de s’y retrouver.
Avec Billy Zane dans les parages (et ce n’est pas toujours bon signe), Guilt a énormément de mal à faire exister chacun de ses personnages. De ce fait, Billy Zane est l’une des choses les plus divertissantes de la série. En tentant de transformer l’histoire d’Amanda Knox en quelque chose de divertissant et légèrement trash, Guilt a énormément de mal à repousser les barrières. Les rebondissements s’enchaînent dans chaque épisode, avec plus ou moins de succès. Les meilleurs fonctionnent sur le téléspectateur, les plus mauvais donnent l’impression que l’on nous prend pour des téléspectateurs crédules qui gobent tout ce que l’on pourrait bien avoir envie de leur donner. Les scènes policières sont peu inspirées et manquent de vocabulaires. La série de Dick Wolf est donc très loin et Guilt tente de faire comprendre le système policier et judiciaire américain alors que c’est quelque chose que tout le monde a déjà entendu ici et là dans une fiction. La série pense que l’on n’a pas envie de s’investir. Elle pense que l’on ne va pas s’intéresser à chacun des personnages qui semble cacher un lourd secret. Une fois le pilote terminé, on a déjà une tonne d’intrigues qui sont lancées comme des bouteilles à la mer.
C’est très loin d’être l’angle narratif qu’il fallait pour nous donner envie d’aller beaucoup plus loin. J’ai malgré tout englouti la première saison de Guilt, comme n’importe quel divertissement du genre qui saura ravir la femme responsable des achats pendant sa séance hebdomadaire de repassage. Si Guilt aurait très bien pu être un (bon) guilty-pleasure, il n’en est pas vraiment un. Le fun est happé par tout ce qui veut en faire des caisses et qui du coup ne fonctionne pas du tout. Pourtant, Guilt est par moment illuminée par de bonnes idées comme quand un reporter capture des images de Grace en train de rire et pleurer en même temps. C’est une façon de parler de la façon dont les médias peuvent rapidement créer des coupables sans même que l’on ne sache réellement les tenants et les aboutissants. C’est là l’angle de vue que Guilt trouve par moment et perd à d’autres. Du coup, en voulant revenir à certains éléments narratifs assez ridicules, la série a énormément de mal à soutenir l’intelligence que pouvait réellement demander le récit au départ. Le pathos prend donc une place trop importante alors que ce sont les éléments de thriller qui auraient dû être les plus importants. La série de Kathryn Price et Nichole Millard a donc énormément de mal à exister au delà et à nous captiver avec son mystère comme The Killing a pu le faire autour du mystère de Rosie Larsen ou Pretty Little Liars sur l’identité de A-.
Note : 4/10. En bref, malgré de bonnes idées par moment, tout est étouffé par un pathos trop imposant qui empêche la série d’éclore comme il se doit.