Les Clos sortent des murs

Par Gourmets&co

Privilège d’un terroir, plus renommé qu’une parcelle, octroi d’un ordre monastique ou encore hommage à la lenteur, le clos ou « terrain cultivé clos de haies » selon le dictionnaire historique de la langue française, a franchi les siècles en s’acquittant d’une formidable épreuve : séduire tous les dégustateurs.

En juin dernier, certains clos sont venus des quatre coins de notre hexagone viticole présenter des millésimes à boire ou à garder. Le temps d’un déjeuner dégustation chez Enrico Bernardo, meilleur sommelier du monde 2004, le chef José Manuel Miguel (1* Michelin, 4 G Gourmets&Co) a donné toute la mesure de son talent mais aussi grâce à de superbes accords mets et vins, a démontré l’énorme potentiel qualitatif de ces vins qui se distinguent sur nos tables depuis bien longtemps.

Dégustation Gourmets&Co

Le Clos des Goisses 2006. Champagne Philipponnat
La qualité est toujours au rendez-vous avec cette maison connue dès le XVIème siècle. À plus d’un titre, elle bénéficie d’un crédit très favorable auprès des dégustateurs quand ils recherchent de belles vinifications et des palettes aromatiques intéressantes.
Un clos de 5,5 hectares dont le coteau très pentu ou « Gois » en vieux champenois a légitimement baptisé ce champagne d’exception. On retiendra ses cépages, 65 % pinot noir et 35 % chardonnay partiellement vinifiés sous bois pour favoriser sa complexité aromatique. Servi en compagnie d’une fleur de saumon, il fut grandiose.
Prix : 133 € chez les cavistes
www.philipponnat.com

Le Clos Cazals 2005. Champagne Cazals
À Mesnil-sur-Oger, le Champagne Cazals peut s’enorgueillir de posséder un des plus grands clos de la Côte des Blancs : 3,70 hectares entièrement voué au chardonnay. Grâce à la réverbération de ses murs, le clos confère aux raisins un excellent mûrissement. Un degré de sucre supplémentaire, ce n’est pas rien dans ce vignoble, le plus septentrional de France. D’autant que le millésime 2005 est un extra-brut qui surprend positivement par une bouche gourmande et épanouie.
Prix : 68€ chez les cavistes
www.champagne-claude-cazals.net

Le Clos du Cellier aux Moines 2014. Givry 1er cru.
Le dégustateur émérite a parfois un tendre attachement pour le Givry, petit terroir bourguignon de la côte Chalonnaise qui produit des vins aimables. Magnifique propriété cistercienne, admirablement réhabilitée par Catherine et Philippe Pascal, le Cellier aux Moines fut établi vers 1130 par les moines de l’abbaye de la Ferté sur Grosne rattachée à celle de Cîteaux. C’est aujourd’hui un terroir privilégié dont les vins séduisent par leur caractère spontané et fruité.
Prix : 30 € départ cave.
www.cellierauxmoines.fr

Le Clos des Ursules 1995. Beaune 1er cru. Maison Louis Jadot.
Bien sûr, avec un tel millésime bien évolué et doté d’une carte d’identité prestigieuse, le nec plus ultra était légitimement attendu pour accompagner les raviolis de volaille, émulsion aux anchois et sauce grenobloise. C’est clair, nous sommes dans la cour des belles étiquettes avec ce clos de 2 hectares qui produit des vins d’une profonde structure, élégants, aux tanins racés et aux arômes complexes. Un pinot noir de grande envergure.
Actuellement, le millésime 1995 n’est plus disponible. Le 2011 est en vente au domaine.
Prix : 51,20 € départ cave.
www.louisjadot.com

Le Clos du Moulin à Vent 2011. Domaine Labruyère.
Le beaujolais a tellement souffert de mauvaises consciences qu’on a encore parfois du mal à le défendre et trouver de bonnes raisons pour le partager. Et pourtant ! Quel dommage de passer à côté d’un si beau gamay qui montre d’étonnantes dispositions entre les mains des meilleurs vignerons. Le voici tout en noblesse dans cette parcelle de 92 ares complantée de vignes de 70 ans et idéalement situées juste en dessous du Moulin, emblème du cru.
Dans le verre, une robe rouge dense, des arômes de cerises noires enrobés de tanins bien mûrs. Un gamay de grande garde, un gamay à se réapproprier, juste pour le plaisir…
Prix : 35 €, chez les cavistes.
www.famille-labruyere.com

Le Château Clos du Loup Cuvée Prestige 2011. Vignoble Bouillac
Est-il un clos selon sa définition canonique ? Certes non, mais il n’empêche que ce domaine compte parmi les bonnes surprises de cette dégustation. Un nom à retenir quand on cherche un vin doté d’un super rapport qualité prix. Nous sommes ici en Côtes de Blaye, satellite de Bordeaux comme le prouve les cépages de cette cuvée : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc et malbec. Dans le verre, souplesse, amplitude, du charme, du velours, du fruit et des épices. Gourmets&Co Aime !
Prix : 9 €, départ cave.
www.vignoblesbouillac.com

Le Clos Triguedina Cuvée Probus 2007. Cahors. Jean-Luc Baldès
Quelle bonne idée d’avoir dénommé son vignoble selon l’expression d’occitane « me trigo de dina », littéralement il me tarde de diner ! Les vins de Jean-Luc Baldès invitent à prendre un verre pour découvrir le malbec, cépage dont il est un des meilleurs vinificateurs.
Intense, généreuse, gourmande, cette cuvée tout en fraîcheur et aux notes épicées se trouva en belle compagnie avec l’entrecôte de bœuf Txogitxu, carottes, purée d’aubergine fumée préparée par le chef. Des concordances du Sud-Ouest du meilleur goût.
Prix : 33 €, départ cave.
www.jlbaldes.com

Le Clos d’Ora. Minervois La Livinère. Gérard Bertrand.
N’est-il pas une exception ? Un vin sur-mesure ? La quintessence d’une vie, d’un talent, d’une transmission ? C’est peut-être ainsi que Gérard Bertrand a vu les choses quand il a voulu réaliser ce clos sur un vignoble de 9 hectares complanté de vieux cépages, carignan et grenache. Pour l’homme de l’art, la syrah et le mourvèdre devaient être aussi de la partie comme la culture des raisins en biodynamie et le travail des sols au mulet. Disons le sans attendre, Clos d’Ora, présenté en magnum termina en beauté cette dégustation exemplaire. On se souviendra longtemps de son nez profond, sa bouche puissante et racée, sa grande fraîcheur aussi et bien sûr de ses parfums de garrigue.
Prix : 390 €, chez les cavistes
www.gerard-bertrand.com