La rumeur disait donc vrai : une planète d’une masse équivalente à celle de la Terre gravite autour de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche du Soleil. C’est une découverte majeure.
Désignée pour l’instant Proxima b, ce corps rocheux de 1,3 masse terrestre est donc désormais l’exoplanète — en plus, potentiellement habitable — la plus proche de nous jamais découverte. Son étoile-parent, une naine rouge qui, bien que proche n’est pas visible à l’œil nu, n’est en effet qu’à 4,2 années-lumière. A l’échelle de la galaxie, c’est vraiment très proche. Toutefois avec nos vaisseaux actuels, le voyage prendrait quelque 76.000 ans ! Donc si l’on veut aller y faire un tour, il vaudrait mieux compter (dans un premier temps) sur des robots-éclaireurs. D’ailleurs, cette annonce pourrait apporter davantage de soutiens financiers et scientifiques au projet de Stephen Hawking et Yuri Milner d’envoyer des nano-sondes dans le système de Proxima. Accélérées par des lasers, celles-ci pourraient en effet atteindre un quart de la vitesse de la lumière et rejoindre la petite étoile en une vingtaine d’années seulement.
La découverte a été faite dans le cadre du programme Pale Red Dot (le nom fait référence à l’expression pale blue dot, employée au sujet de l’apparence de la Terre vue des confins du Système solaire) qui depuis deux ans traquait la présence éventuelle de planètes autour de cette étoile plus pâle et faible que le Soleil. Au moyen du spectrographe Harps, installé sur le télescope de 3,6 mètres de l’observatoire de la Silla, et aussi avec l’aide du télescope ASH2 installé à l’observatoire des explorations célestes de San Pedro d’Atacama et des 18 télescopes du réseau de Las Cumbres, l’équipe qui partageait régulièrement avec le public les différentes étapes de leurs investigations a mis en évidence une exoplanète dans la zone habitable de Proxima (la naine rouge est vraisemblablement liée gravitationnellement à Alpha du Centaure A et B). Sa période orbitale est de 11,2 jours et sa distance avec son étoile n’est que de 7 millions de km, soit 20 fois plus près que la Terre ne l’est du Soleil.
Vue d’artiste de la planète en orbite autour de Proxima du Centaure
Puisque Proxima du Centaure est une étoile beaucoup moins chaude que la nôtre, la zone définie comme habitable — s’il y a de l’eau, celle-ci peut être à l’état liquide — est donc plus rapprochée.
Proxima b aurait donc une masse comparable à celle de la Terre mais comme l’évolution de son étoile n’est pas la même que celle du Soleil, il n’est pas sûr qu’elle abrite de la vie. Du moins, c’était plus difficile à ses débuts. Des simulations montrent effectivement que la naine rouge était plus chaude et « agressive » dans le passé, ce qui a dû considérablement abîmé si ce n’est pas ruiné son atmosphère si tant est qu’elle en est eu une. Il est toutefois possible qu’aujourd’hui, l’étoile étant plus calme, un effet de serre demeure et permette à des formes de vie de subsister : « De nombreuses simulations ont été conduites pour explorer la gamme possible des quantités d’eau et de dioxyde de carbone présents sur la planète. Elles ont montré que selon la période de rotation et la quantité de gaz à effet de serre, l’eau liquide pourrait être présente sur toute la surface de la planète ou seulement dans les régions les plus ensoleillées. Si la planète s’avère pauvre en eau, il est probable que celle-ci se condense et s’accumule dans les régions les plus froides. Cependant, l’atmosphère et son effet de serre pourraient permettre la fonte de la glace d’eau et la création de lacs et des rivières dans ces zones. Tout dépend aussi de la rotation de la planète, qui pourrait avoir une face constamment plongée dans la nuit car bloquée par les forces de gravitation, comme la Lune autour de la Terre » écrit le CNRS dans son communiqué. Ces deux études sont à paraître dans Astronomy & Astrophysics. L’article de la découverte de Proxima b est publié dans Nature.
On a hâte d’en savoir plus. Le futur E-ELT et aussi le JWST devraient nous permettre d’entrevoir ce monde tout proche et d’étudier son atmosphère.