Le THS ou traitement hormonal substitutif utilisé pour traiter les symptômes de la ménopause tels que les bouffées de chaleur, est controversé voire abandonné, en raison de risques accrus de cancer du sein ou de maladies cardiovasculaires. Le THS est ainsi l’objet d’un débat médical depuis plusieurs années, certaines études indiquant un risque légèrement plus élevé de maladie cardiaque, voire même un doublement du risque, et de cancer du sein, ou encore une diminution du risque d’ostéoporose et de cancer du côlon. Cependant ces risques ou bénéfices associés restent controversés par les différentes études sur le sujet. Une étude danoise, publiée dans le British Medical Journal a ainsi ajouté aux précédentes réhabilitations de la thérapie, mais sous condition d’une durée de traitement limitée. Cette nouvelle étude a cherché à mieux quantifier l’ampleur du risque avec les différents types de THS.
Les chercheurs de l’Institute of Cancer Research et du National Cancer Registration Service (Public Health England- UK) ont mené cette étude de cohorte prospective sur 39.183 femmes participant à la Breakthrough Generations Study, portant sur la ménopause et le THS. Les chercheurs ont pris en compte les données d’utilisation du THS, d’incidence de cancer du sein et les différents facteurs de confusion possibles dont les antécédents familiaux de cancer du sein, le statut socioéconomique, l’âge de la première grossesse, le nombre d’enfants, la consommation d’alcool, la durée de l’allaitement, l’IMC pré et post-ménopausique… L’analyse constate ici que,
· les femmes prenant un THS combiné – œstrogène et progestatif – ont un risque multiplié par 2 de développer un cancer du sein par rapport aux femmes qui n’ont jamais pris de THS.
· ce risque s’accroît avec la durée du THS : les femmes qui ont pris le traitement pendant 15 ans ou plus présentent ainsi un risque multiplié par 3 de cancer du sein, sur la durée de suivi.
· La bonne nouvelle est que ce risque revient » à la normale » 2 années après l’arrêt du THS.
Précisément, au cours du suivi de 6 ans,
· 775 (2%) des participantes de l’étude ont développé un cancer du sein,
· parmi les utilisatrices » actuelles » de THS,
– 52 cas ont été recensés chez des femmes prenant un THS combiné,
– 23 chez des femmes prenant des œstrogènes seulement,
– et 15 chez les femmes prenant une autre forme de THS.
L’analyse aboutit donc à :
· un risque multiplié par 2 de cancer du sein chez les femmes prenant un THS combiné sur 5,4 ans en moyenne, vs les femmes n’ayant jamais pris de THS,
· un risque multiplié par 3,3 de cancer du sein chez les femmes prenant un THS combiné sur 15 ans et plus, en moyenne, vs les femmes n’ayant jamais pris de THS,
· Aucune augmentation du risque n’a été constatée avec les estrogènes seuls.
L’étude confirme le lien entre l’utilisation d’un THS combiné et le risque de cancer du sein, en particulier avec un THS pendant une longue période de temps. La limite de l’étude étant ici le petit nombre de femmes, soit 7, dans l’étude ayant pris un THS sur une durée longue, de 15 ans ou plus. La conclusion est que si certaines femmes peuvent tirer des bénéfices du THS à la ménopause, afin de minimiser le risque de cancer du sein, il est recommandé d’opter pour la dose efficace la plus faible possible et sur un temps de traitement le plus court possible.
Source:British Journal of Cancer July 28 2016 doi:10.1038/bjc.2016.231Menopausal hormone therapy and breast cancer: what is the true size of the increased risk?