Synchronisme entre le film et une éventuelle "catastrophe"? Pas tant que ça, puisque ce que ces new-yorkais regardent, ce n'est pas tant un évènement à exorciser, qu'une attraction: l'escalade à mains nues de l'immeuble du New York Times (Renzo Piano architecte) par Alain "french Spiderman" Robert (et un complice).
Pour autant, comme le souligne cet excellent article, le premier mérite de cet happening escalateur, c'est déjà de confronter l'échelle humaine (quand bien même, elle ose l'exploit, elle reste bien petite) à une certaine démesure architecturale. Plus que dans le film de super-héros, on est plutôt dans le drame à visée philosophico-humaniste à la Fearless (Peter Weir 1993) où un quidam rescapé d'un accident d'avion se sent habité par l'ivresse de l'invincibilité (thème d'ailleurs pas éloigné du Incassable de Shyamalan non plus d'ailleurs).
L'arrière-plan assez magnifique de l'affiche de Phénomènes montre une ville qui paraît fondre, où les bâtiments paraissent pris de convulsions. Pas loin finalement de l'architecture de Franck Gehry, comme le suggère ce rapprochement avec l'immeuble "Ginger et Fred" construit par FG à Prague.
Enfin, toute dernière différence. A la fin, c'est lui qui se fait arrêter dans une sorte de variation urbaine du Cliffhanger de Stallone (1993)...
... alors que Spiderman lui fait le boulot de la police, comme le montre cette splendide (mais maudite) bande-annonce :
... conçue et diffusée en juillet 2001 puis retirée à cause de ce que vous imaginez. Comme quoi, on arrive bien, dans toute cette histoire, à retrouver un synchronisme entre la catastrophe et un film dont il serait à la fois la prophétie et l'exorcisme.