Ce qui suit est une traduction non officielle de l'article intitulé "Adoptiekind komt op het tweede plan - René Hoksbergen, emeritus-hoogleraar adoptie Universiteit Utrecht" , paru dans Trouw.
Pour la Commission-Kalsbeek, l'enfant en danger n'est pas le sujet central, mais bien le désir d'enfant des parents adoptants.
La Commission-Kalsbeek a récemment présenté un rapport épais. Cette commission a été mise en place par le ministère de la Justice pour donner des avis sur les adoptions d'enfants provenant l'étranger. Que ce sujet nécessita un gros travail, n'est pas surprenant.
Ces dernières années, l'adoption d'enfants étrangers a continuellement été évoquée dans l'actualité. Il y avait des discussions sur le professionnalisme des sept organismes intermédiaires, des informations faisaient état de fréquents cas d'adoptions illégales, il y avait des signes que les adoptions en provenance de pays comme le Guatemala, Haïti, l'Inde et la Chine ne se déroulaient pas selon les règles, les procédures régulières. Et, pour compléter la liste, il y avait aussi des discussions sur les 12.000 à 30.000 euros que les parents adoptifs néerlandais doivent payer et sur les exigences qui leur sont imposées.
La Commission-Kalsbeek se trouvait devant une tâche difficile. Car où se trouve l'équilibre entre d'un côté, les intérêts des enfants adoptables et de l'autre, les souhaits des parents adoptants ? Ces intérêts ne sont parfois pas les mêmes. Toutefois, pour ce qui concerne l'adoption, les intérêts de l'enfant en détresse doivent être mis en avant.
C'est pour cela qu'il est vraiment dommage que dans cette Commission, aucun adopté ne figurait. Seulement, les parents adoptifs étaient représentés. Au Pays-Bas, l'adoption internationale existe déjà depuis 1958, il y a donc suffisamment de personnes adoptées qui peuvent apporter une bonne contribution sur le fond. La commission elle-même dit que ces dernières années, les intérêts des parents adoptifs "ont plus influencés le débat politique que ceux des adoptés et des parents génétiques".
Etait-ce une occasion ratée, en plus, la commission ne dit rien à propos de la conservation des données sur les adoptés. Les organismes néerlandais devraient encourager leurs contacts à l'étranger afin de recueillir et de fournir des données avec une plus grande exactitude sur les parents biologiques. Il est également dans l'intérêt des enfants adoptés que ces données soient contrôlées attentivement. En tout cas, plus scrupuleusement que comme proposées par la commission. La mère ou le père est-il vraiment inconnu ou décédé ? Y a t-il des frères ou des sœurs ? Les grands-parents vivent-ils peut-être encore ? Des programmes de télévision comme "Spoorloos" (Sans traces) nous apprennent combien cela est important pour l'enfant adopté.
En ce qui concerne l'aspect financier, la commission suit des chemins étranges et ne semble pas avoir en vue l'intérêt de l'enfant, mais plutôt celui d'encourager l'adoption. La proposition d'effectuer divers paiements aux fonctionnaires publics dans les pays d'origine, afin de les encourager à exécuter leur travail, est hors mesure. L'attitude qui ressort de ce rapport, est que les Pays-Bas peuvent s'estimer heureux que des enfants arrivent par cette voie. Il est temps de revoir fondamentalement scette vision.
L'adoption est une mesure de protection de l'enfance. Mais la Commission-Kalsbeek ne le voit pas comme cela : elle souligne l'importance de l'adoption comme une méthode pour créer une famille. Dans la pratique, cette position peut avoir de graves effets psychologiques, car non pas l'intérêt de l'enfant en danger est la préoccupation centrale, mais bien le désir d'enfants des candidats adoptants.
Les enfants adoptés et leurs parents ont grand intérêt à faire en sorte que l'adoption se déroule d'une façon correcte, vu les conséquences psychologiques pour l'enfant adopté et la famille. L'avis de la commission sur ce point est peu progressif. Les agences d'adoptions doivent d'un côté veiller à avoir une large expérience, en effectuant au moins trente adoptions par an, mais d'un autre côté ils ont encore le temps de se préparer à cette nouvelle exigence. Pourquoi cette nouvelle exigence n'est-elle pas appliquée a partir de 1 janvier 2010?
Bien sûr, il y a aussi des éléments positifs dans le rapport. La recommandation que l'adopté puisse facilement retrouver son prénom d'origine et / ou son nom de famille mérite l'appréciation. De nombreux adoptés se battent avec leur identité, en se demandant qui ils sont réellement.
Mais les propositions sur un suivi post-adoption sont à nouveau totalement insuffisantes. Justement parce que, de plus en plus d'adolescents et des enfants avec des problèmes médicaux ou psychiques sont placés, un accompagnement structurel est nécessaire à compter de la date du placement. Celui-ci ne peut pas consister uniquement en un "accompagnement vidéo-interactif" obligatoire. Il faut aider les parents avec un projet de traitement pour les enfants ayant de (graves) problèmes comportement. Des consultations régulières avec les parents adoptifs sont nécessaires.
Ce suivi post-adoption devrait être fait par des experts en adoption, et non par la "Stichting Voorbereiding Adoptie" (Association Préparation Adoption). Celle-ci ne convient pas, car déjà avant l'adoption, les candidats adoptants sont obligés de passer par cette organisation et par conséquent, n'ont pas le choix après lorsqu'ils veulent consulter pour évoquer des problèmes.
Pour conclure. C'est précisément pour le développement de la bonne estime de soi de l'enfant adopté que tout risque dû aux adoptions illégales doit être supprimé. C'est pourquoi il me manque terriblement des recommandations sur la façon dont les juges et les conseils de protection de l'enfant doivent agir vis à vis des adoptions clairement illégales. Apparemment, cette commission ne veut pas non plus se brûler les mains.