Cela n'arrive pas qu'aux autres. Alors que la vie semble tranquille, un événement inattendu peut la bouleverser et changer la donne du tout au tout. Il suffit parfois seulement de sortir de chez soi et de se trouver au bon endroit, au bon moment. Et de ne surtout pas se fier aux apparences, qui, comme chacun sait, peuvent être trompeuses.
Marlène est quelqu'un tout ce qu'il y a d'ordinaire. Elle enseigne le français et l'anglais dans un collège. Elle a des élèves motivés et d'autres qui ne le sont pas, des classes difficiles et d'autres plus faciles. C'est sa vie. Elle est seule mais fraye avec sa collègue Bettina, adepte de sites de rencontres depuis que son compagnon l'a larguée.
Dans la vie de Marlène, la quarantaine, il n'y a maintenant plus d'autre homme que son père, depuis que Xavier l'a quittée deux ans auparavant. Mais son père, devenu veuf, placé dans un EMS, lui tient des propos désagréables et passe sur elle sa mauvaise humeur d'ex-enseignant aigri, tout en se comportant différemment avec sa soeur Eliane.
Eliane ne vient pourtant pas voir leur père très souvent et n'a pas, comme Marlène, fait des études. Elle n'habite pas Lausanne, mais la banlieue d'Orbe. Elle est femme au foyer, vient d'avoir un bébé, Aurélien, qu'elle cocole et allaite. Elle ne manque pas de se montrer condescendante avec sa pauvre soeur restée célibataire.
Du balcon de son appartement, un soir, à une heure du matin, Marlène aperçoit une femme qui fume, appuyée à un mur, sous la lumière d'un réverbère: Un homme surgit de la pénombre et s'approcha d'elle. Il ôta le mégot de ses lèvres, le jeta au loin, puis se colla contre elle et l'embrassa avec fougue. De quoi ranimer sa souffrance...
Alors qu'elle est installée, après ses cours d'un matin, à la terrasse d'un petit restaurant, situé dans un parc qu'elle apprécie beaucoup, Marlène entend une voie familière. C'est celle de Xavier, son ex, qui a toujours bonne conscience. Dos tourné, il est assis à une table voisine, en compagnie de la femme pour laquelle il l'a laissée.
Après s'être vite esquivée, en douce, et avoir erré un moment en ville, Marlène s'arrête devant la vitrine d'un salon de coiffure, qui n'est pas celui où elle se rend d'habitude. Il lui faut touner la page Xavier et, pour cela, changer de tête. Ce qui lui vaut le lendemain ce cri du coeur de Bettina: - J'avais presque oublié que tu pouvais être aussi jolie !
L'événement se produit pendant qu'elle se promène dans une forêt. Elle entend d'abord une dispute entre une femme et un homme, puis elle les aperçoit de profil au sommet d'une butte: La femme vacillait, alors que l'homme tendait les bras vers elle. La malheureuse perdit l'équilibre défintivement et tomba dans le vide en hurlant.
Pour Marlène, c'est un accident: l'homme a poussé un cri douloureux et s'est précipité auprès de la femme qui a succombé à sa chute. Pour la police, un homicide ne peut être écarté, d'autant que l'homme est jeune et pauvre et la morte riche et bien plus âgée. Grâce au témoignage de Marlène, le jeune homme, Peter, est laissé libre.
Seulement, quand, sur les lieux du drame, les yeux de Marlène et ceux de Peter se sont croisés, il s'est passé quelque chose en elle: Cet homme avait non seulement éveillé sa sympathie, elle éprouvait aussi pour lui une étrange fascination qui prenait peu à peu possession de son être, sans qu'elle puisse y résister.
C'est cette Fascination de Marlène pour Peter qui va être l'amorce des multiples rebondissements de ce polar écrit par Steve Mons. Car, à partir de cet événement, d'autres événements vont s'enchaîner.
Avec beaucoup de psychologie, Steve Mons se met à la place de Marlène, malmenée, comme le lecteur, par toutes les traverses qu'emprunte son histoire, si bien que l'une et l'autre se laissent surprendre par le dénouement qui, en éclairant toutes les zones d'ombre, chasse tous leurs troubles et rétablit un ordre des choses.
Francis Richard
Fascination, Steve Mons, 168 pages, L'Âge d'Homme