La viande a mauvaise presse et les légumes ont le vent en poupe. C’est l’époque qui veut ça et il y a sûrement de bonnes raisons.
Ce livre n’est en rien un manifeste pleurnichard sur le thème chers aux urbains occidentaux « la nature c’est bien, les animaux c’est gentil, et les humains sont méchants » mais bien d’un livre passionnant, étonnant, sincère, sur le parcours d’une vie que l’on peut qualifier sans exagération d’intense, au fil des dernières décennies.
Bruno Blum est un homme de son époque, et de plusieurs époques. Il en suit l’évolution et les changements, aussi superficiels soient-ils, avec application et enthousiasme. Le rock d’abord. Enfant de la troisième décennie de cette musique après les années 50 et 60, il aborde les années 70 échevelé et joyeux. Il côtoie quelques petits grands, boit les paroles de ses idoles et les appliquent à la lettre croyant lui aussi réinventer un monde. Il fréquente les milieux rasta, se gave de reggae qui deviendra sa grande spécialité, fume des joints, et collabore avec Best, la ligue 2 des magazines rock en France. Il se persuade que le punk est un mouvement important et que traiter la reine de fasciste est révolutionnaire. La reine est toujours là et les anciens punks sont employés de banque. Fin de l’histoire.
Au cours des années, il épousera la Nova culture, se droguera joyeusement puis intensément, pensant comme beaucoup que les excès en tous genres vont au mieux façonner une personnalité, au pire un style ou une attitude. Il joue, compose des chansons, écrit des bandes dessinées, se sort des drogues, se tourne vers la spiritualité, acquiert une conscience écologique et se met à regarder son steak d’un drôle d’air, ou le contraire, c’est la viande morte qui va le regarder au fond des yeux.
Tout a commencé avec la chanteuse des Pretenders, la belle Chrissie Hynde, dont Bruno Blum est secrètement amoureux dans le Londres du début des années 80. Elle est végétarienne, il va le devenir longtemps après mais le ver est dans le fruit.
L’approche, l’apprentissage, la décision de devenir végétarien, que je préfère à végane qui ressemble à un nom de voiture, est un des moments passionnants du livre. Les arguments, le style de vie que cela suppose, les enjeux et les dangers que font courir les viandes, et surtout la souffrance animale qui finit par devenir insupportable tant elle apparait soudain inutile.
Un livre de vie, du vivant, de conscience, mais aussi de joie de se retrouver libérer de ne plus avoir à tuer pour vivre.
Bruno Blum est toujours aussi en forme et convaincant. Bien écrit, puissant, drôle, argumenté, son livre met mal à l’aise dans le bon sens. En plus, il a eu une préface de Paul McCartney, végétarien convaincu depuis plus de trente ans. Je dis Monsieur ! Keep on rocking, Bruno !
De Viandard à VéganePar Bruno Blum
368 pages
MAMA Éditions
Collection Témoignages
www.mamaeditions.com
Prix : 20 €