Il y a une expérience assez magique à faire dans la baie du Mont-Saint-Michel, c'est de la traverser, pieds nus dans la vase et en short.
Evidemment en compagnie d'un guide car nous n'éviterons pas les zones dangereuses. Le but est d'éprouver quelques frissons en se laissant aspirer par les sables mouvants ... je devrais dire par la vase mouvante, qu'on appelle tangue.
Le short est préconisé parce qu'il y a fort à parier qu'à flâner vous vous laisserez (presque) surprendre par la montée de la marée et que votre guide aura beau vous houspiller vous supplierez de rester encore un peu, jusqu'à ce que cela devienne franchement compliqué.
Vous aurez déjà de l'eau jusqu'à mi-cuisses. La mer ne ressemblera plus à un lac tranquille qu'en surface car en dessous le courant sera puissant. Heureusement votre guide sera là pour vous désigner le chemin, dont personne ne s'écarte comme on le constate sur la photo. Merci Raphaël !La meilleure saison est fin mai/début juin après les grandes marées mais faites-le si vous êtes sur place. C'est inoubliable. ne comptez pas vous baigner. Ce n'est pas l'endroit. Si tel est votre désir je vous conseille plutôt Granville et ses cabines de plage très vintage.
La première surprise c'est l'immensité de la partie découverte. On serait bien en peine d'oser s'aventurer très loin tout seul. Et pourtant on voit des petits points à l'horizon, sans doute des promeneurs.
Le guide a l'habitude. Il trace. On glisse comme sur du verglas. On a peur de la chute, pas tant par crainte de nous salir que d'endommager nos appareils photo.
Mais on prend le temps de s'amuser les pieds dans la vase, ploc ploc
Le Mont est encore plus impressionnant vu d'en dessous.
Au loin, Tombelaine, dont on se rapproche un peu. Après avoir été un lieu de pèlerinage, le rocher est devenu un point stratégique, durant la guerre de 100 ans et les guerres de religions. L’îlot fortifié fût investi successivement par les Anglais et les troupes françaises du Comte De Montgomery, puis acheté par Fouquet (surintendant des finances du roi). Louis XIV, jaloux, le fit raser.
Nous passons une zone de 12 ou 3 centimètre d'eau, guère plus, mais cela suffit quand on se retourne, pour voir le site au-dessus d'un miroir.
La zone de vase est plus épaisse, très imbibée d'eau. Il faut progresser assez vite sans se poser de questions pour ne pas s'enfoncer. A l'inverse pour fair l'expérience souhaitée il suffit de sautiller sur place pour être happé sans que nos voisins le soient.
C'est très net sur cette photo. Raphaël n'est pas inquiet. Il maitrise la technique pour sortir. Il faut porter tout le poids du corps sur une jambe et tourner l'autre de manière à provoquer un appel d'eau qui permettra de décoller cette seconde jambe. On la lève et on en pose le genou sur la surface. Puis on fait de même avec l'autre et on se redresse totalement.
Gilles a voulu démontrer que c'était facile. Et ça l'est tellement que l'appareil photo n'a pas eu le temps de saisir les étapes intermédiaires.
Nous poursuivons la traversée en contournant le Mont Saint Michel qui se laisse découvrir sous un angle inhabituel, preuve de son caractère maritime.
De temps en temps on remarque un poisson mort, les yeux crevés. C'est le mets préféré des cormorans qui ne s'attachent au ventre du mulet que s'ils ont vraiment très faim.
C'est vraiment très beau et on comprend que les touristes se laissent prendre par la marée. Des sauveteurs veillent en permanence mais ce n'est pas une raison pour être insouciant.
Les quatre photos suivantes ont été prises à moins d'une seconde d'intervalle; c'est dire la vitesse à laquelle la mer arrive, et sans faire de bruit.
Le triangle de vase gris foncé disparait à vue d'oeil. Nous regagnons le bord aussi vite que possible.
Nous accostons par la tour Gabriel, construite au XVI ème siècle sur ordre de Gabriel du Puy, pour assurer la défense du côté ouest du Mont.Et maintenant on se lave les pieds (des robinets sont prévus pour) et on grimpe à l'assaut de la Cité médiévale.