Un temps, il était le favori des bookmakers pour reprendre le poste de James Bond laissé vacant par Daniel Craig. Tom Hiddleston était tout désigné, et même dans les petits papiers des producteurs de la fructueuse franchise. Sur le papier, ça matche. Il est Anglais, élégant, charismatique, séduisant, séducteur. Et puis patatras. Il ne fait plus partie de la shortlist, détrôné par James Norton (détestable mais incroyable dans le rôle de Tommy Lee Royce dans la série Happy Valley). Mais, s'il fallait la preuve que Tom Hiddleston ferait un parfait James Bond, il suffirait de regarder The Night Manager. Adaptation du roman de John Le Carré, la série britannique a été diffusée cet hiver sur BBC One.
En France, elle est encore inédite, mais devrait trouver une place dans la grille de France 3 à la rentrée. Après Broadchurch, France Télévisions continue son aventure British. Et c'est tant mieux. Revenons à The Night Manager. L'histoire de la série ? Celle de Jonathan Pine, ancien soldat Anglais ayant servi en Irak, reconverti en directeur de nuit dans des grands hôtels de luxe. L'intrigue débute en Égypte, en plein Printemps arabe. Une nuit, sa vie bascule quand une femme, Sophie, lui met sous le nez des documents censés être top-secret sur une grosse vente d'armes et autres réjouissances. Évidemment, il ne garde pas ça pour lui, et transmet les informations à l'ambassade anglaise qui transmet à une certaine Angela Burr (Olivia Colman aperçue notamment dans... Broadchurch). Suite au meurtre de Sophie, il décide de se venger et de faire tomber les responsables de la mort de la jeune femme. Il est alors recruté par Angela pour enquêter sur l'alliance entre une agence de renseignement et un dangereux trafiquant d'armes, Richard Roper (Hugh Laurie).
Comme toute bonne série d'espionnage, l'histoire se déroule sur plusieurs continents et traverse plusieurs pays : Égypte, Suisse, Espagne, Royaume-Uni, Turquie, Syrie. Mais à la différence d'un film comme James Bond où tout va à 100 à l'heure, la mini-série de la réalisatrice danoise Susanne Bier, elle, prend son temps. The Night Manager s'installe doucement et l'accent n'est pas mis sur la castagne mais plutôt sur la psychologie des personnages. Tom Hiddleston incarne l'agent double aux pensées impénétrables. L'homme secret, difficile à cerner qui infiltre l'équipe de Richard Ropper pour le faire tomber de l'intérieur. Dans ce genre de rôle, l'acteur excelle. Si bien qu'il prend même le téléspectateur au piège et que l'on s'interroge sur les véritables intentions de Jonathan Pine. Ropper lui, est le magnat imbuvable et arrogant. Hugh Laurie y est parfait dans ce costume. Il parvient à se faire détester et adorer en même, dans ce rôle qui semble tailler sur mesure pour lui. L'alchimie entre les deux acteurs est incroyable et la relation de leur deux personnages est étrangement fascinante, délicieusement tordue. On ne s'étonnera pas d'ailleurs de leur performance puisqu'ils sont tous les deux, producteurs exécutifs de la série.
Généralement, quand on parle d'une fiction d'espionnage, on s'imagine de longues courses-poursuites et des minutes infinies d'échanges de coups de feu. Il y en a aussi dans The Night Manager mais pas tant que ça. Oui, il y a des assassinats (particulièrement sanglants), quelques explosions, des bastons aussi mais elles sont modérées. Et c'est agréable. Jonathan Pines n'est pas du genre à jouer des poings, au contraire. L'agent double préfère jouer sur un autre tableau : la séduction, son atout numéro 1. Il séduit les femmes, évidemment, mais aussi joue de son côté charmant et charmeur pour mettre les hommes dans sa poche. Et ça marche.
Qui dit trafiquant d'arme, dit luxe et opulence. Et dans The Night Manager, c'est une succession d'endroits plus incroyables les uns que les autres. Des décors qui transpirent l'argent sale, des manoirs et hôtels de luxe qui sont le quotidien de Ropper. " C'est un univers sexy, attirant, glamour, et le public sera irrésistiblement attiré, même si, au fond de nous, nous savons pertinemment que nous ne devrions pas ", explique Susanne Bier à TV Mag. On est attirés. Dès les premières minutes et les six épisodes d'une heure se descendent un par un, à une vitesse affolante. D'autant plus que l'image est hyper soignée, la photographie superbe, et les seconds rôles impeccables. Même si parfois, Elisabeth Debicki (Jed, la compagne de Ropper) en fait des caisses. C'est peut-être l'unique point faible de la série.
Cela fait treize ans que Hugh Laurie a tenté d'obtenir les droits du roman de John Le Carré pour en tirer une adaptation télévisée. Passionné par l'histoire, il n'a jamais lâché le projet et il est parvenu à le mener à bien. Une bonne chose puisque la série n'a que de bons échos outre-Manche et aux États-Unis également. 10 millions de téléspectateurs britanniques. Six nominations aux Emmy Awards. 180 pays l'ont achetée. Autant dire, un carton. En France, elle est prévue mais aucune date n'a pour l'instant été annoncée.