Charles Enderlin est une voix... Une voix rocailleuse qui émerge des reportages venus du Proche Orient, d'Israël, des territoires Palestiniens... De ces contrées meurtries par plusieurs dizaines d'années de conflits armés...
Charles Enderlin, c'est avant tout un journaliste (Grand reporter même) qui suit l'actualité de cette zone du monde depuis 1981 puisqu'il en est l'un des correspondants à Jérusalem de la chaîne France 2 (Puis en 1991, il en est devenu le chef du bureau). Il est également vice-président de l'Association des correspondants de la presse étrangère à Jérusalem.
Connus de tous les acteurs de ce conflit, il nous berce, il me berce, de sa voix si spéciale, depuis toujours, pour éclairer de sa connaissance les évènements dans cette zone du monde qui concentre toutes les tensions du monde : religieuses, économiques, sociales, politiques, ... Et toujours un éclairage précis, pointu même, lumineux, pédagogique et professionnelle... A tel point qu'il est aussi détesté et aimé, des deux côtés du mur !
Et puis le 30 septembre 2000, au deuxième jour de l'« Intifada Al-Aqsa », un petit garçon nommé Mohammed al-Durah (12 ans) tombe sous les balles dans la bande de Gaza. Suivra une polémique importante, car l'équipe de France 2 présente sur les lieux, filme la mort de l'enfant dans les bras de son père. Et il semble que les balles étaient israéliennes [1].
Depuis 8 ans maintenant, Charles Enderlin se bat contre des attaques virulentes de groupes, de blogs, de personnalités qui le traite de falsificateur et de manipulateur à la solde des Palestiniens... L'agence de presse MEtula News Agency (MENA) [2] en est l'un fer de lance :
Sept ans. Voilà sept ans qu'une campagne obstinée et haineuse mobilisant la plupart des journalistes français s'efforce de salir la dignité professionnelle de leurs confrères de l'agence de presse Ména. Voilà sept ans que les mêmes individus, bafouant les règles fondamentales de leur profession, tentent de présenter comme un reportage d'actualité authentique la "supercherie" et la "série de scènes jouées" mettant en scène la mort de Mohammed a-Dura, filmée par le cameraman Talal Abou Rahma et commentée à distance par le correspondant de FR2 à Jérusalem, Charles Enderlin. Ce dernier, affirmant, sans la moindre preuve à l'appui et au mépris des faits établis par les enquêtes de la Ména et de l'armée israélienne, que le jeune Palestinien a été tué par des tirs venus de la position israélienne, le 30 septembre 2000, dans la bande de Gaza, lors d'un affrontement entre l'armée israélienne et des éléments armés palestiniens.
Ce qui est étonnant dans l'histoire, c'est que dans un premier temps, l'armée israélienne aurait reconnu l'erreur, puis, après une contre expertise [3], aurait modifié sa version, en induisant que le tir venait de derrière l'enfant... Donc des tirs palestiniens !
Quelque soit la version, quelque soit la réalité, on peut être sûr que cet évènement tragique filmé par le caméraman accrédité de France 2 [4] a été l'origine du déclenchement de la deuxième intifada.
Récemment, Charles Enderlin et France 2 sont passés au tribunal. Et ils ont gagné contre Philippe Karsenty, directeur du site internet Media-ratings. Ce site avait avancé que le reportage de France 2 était un faux. L'article est d'ailleurs d'une virulence forte contre les deux journalistes et la politique arabe de la France.
Charles Enderlin et France 2 gagnent leur procès
Le journaliste Charles Enderlin et France 2 ont obtenu, jeudi 19 octobre, la condamnation pour diffamation publique de Philippe Karsenty, directeur du site internet Media-ratings, qui avait affirmé que le reportage montrant un enfant palestinien tué dans les bras de son père par des tirs israéliens était un « faux ». Diffusées le 30 septembre 2000 sur la chaîne publique, ces images, tournées par le cameraman Talal Abu Ramah lors d'affrontements entre Israéliens et Palestiniens dans la bande de Gaza, au lendemain de la visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, et commentées par le correspondant de France 2 en Israël, avaient fait le tour du monde. Extraits de l'article du Monde du 21/10/06 Par Pascale Robert-Diard.
Et puis, Philippe Karsenty a fait appel. Et le 21 mai 2008, son appel a été retenu.
Monsieur Karsenty avait été condamné par le tribunal de Paris pour avoir dit que France 2 et moi-même avons réalisé un faux reportage.
La Cour d'appel de Paris a constaté :
1 ; Que ces propos étaient bien diffamatoires
2 Que Mr. Karsenty n'a pas apporté la preuve de cette soi-disant mise en scène et du caractère mensonger de ce reportage.
3. La Cour d'appel, en revanche, contrairement au tribunal de première instance, a estimé que Mr. Karsenty était en droit de critiquer virulemment ce reportage, le sujet ayant créé une émotion particulière et, reconnu qu'il avait procédé à une enquête qui permettait à la Cour d'appel de lui reconnaître le bénéfice de la bonne foi.
Il va de soi que nous ne partageons pas cette dernière analyse et que nous formons un pourvoi en cassation contre cette décision.Communiqué de France 2
On verra pour la cassation...
Somme toute, comme je le disais en introduction, le Proche Orient concentre toutes les domaines de crispation qu'on peut trouver : religion, politique, social, économique, militaire, ...
Et cette scabreuse affaire en est une illustration. Je ne sais quoi penser, mais je m'aperçois d'une chose claire et simple (Qui ne traduit aucunement une quelconque position de ma part !) : cette affaire a été reprise par les fractions religieuses et politiques les plus radicales, chacune vociférant et vomissant sur telle ou telle partie de l'affaire. Une simple recherche sur le net vous permettra de vérifier ce propos.
Citons néanmoins un appel par le Nouvel Observateur ... Cet appel à solidarité avec l'un de leur confrère est un peu gênant, somme toute... Cela fait un peu "caste qui se protège"... Mais en disant cela, je rejoins les détracteurs puants de l'appel et donc, je ne me réhausse pas vraiment.
Pour Charles Enderlin
Sept ans. Voilà sept ans qu'une campagne obstinée et haineuse s'efforce de salir la dignité professionnelle de notre confrère Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jerusalem. Voilà sept ans que les mêmes individus tentent de présenter comme une "supercherie" et une "série de scènes jouées" , son reportage montrant la mort de Mohammed al-Doura, 12 ans, tué par des tirs venus de la position israélienne, le 30 septembre 2000, dans la bande de Gaza, lors d'un affrontement entre l'armée israélienne et des éléments armés palestiniens.
Le 19 octobre 2006, le tribunal correctionnel de Paris avait jugé le principal animateur de cette campagne, Philippe Karsenty, coupable de diffamation.
L'arrêt rendu le 21 mai par la cour d'appel de Paris, saisie par Philippe Karsenty reconnaît que les propos tenus par ce dernier portaient "incontestablement atteinte à l'honneur et à la réputation des professionnels de l'information" mais admet, curieusement, la "bonne foi" de Philippe Karsenty qui "a exercé son droit de libre critique" et "n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression". Cet arrêt qui relaxe Philippe Karsenty nous surprend et nous inquiète.
Il nous surprend, car il accorde la même crédibilité à un journaliste connu pour le sérieux et la rigueur de son travail, qui fait son métier dans des conditions parfois difficiles et à ses détracteurs, engagés dans une campagne de négation et de discrédit, qui ignorent tout des réalités du terrain et n'ont aucune expérience du journalisme dans une zone de conflit.
Il nous inquiète, car il laisse entendre qu'il existerait désormais à l'encontre des journalistes une "permission de diffamer" qui permettrait à chacun, au nom de la "bonne foi", du "droit de libre critique" et de la "liberté d'expression" de porter atteinte impunément "à l'honneur et à la réputation des professionnels de l'information".
Au moment où la liberté d'action des journalistes est l'objet d'attaques répétées, nous rappelons notre attachement à ce principe fondamental, pilier de la démocratie et nous renouvelons à Charles Enderlin notre soutien et notre solidarité.Paris, 27 mai 2008.
Laissons la justice faire de nouveau son travail et surtout, continuons à ce que cette zone du monde retrouve son calme dans le respect des peuples. Et laissons ce petit garçon reposer en paix, loin des turpitudes des adultes...
Quelques liens utiles :
Le lien sur Wikipedia sur l'affaire est documenté. Beaucoup de liens y sont présents, allant dans un sens et dans l'autre...
Les médias hexagonaux montrés du doigt en Israël
Article du quoidien israélien Ha`aretz publié dans Courrier International. Comment des relations passionnées font contester par des juifs israéliens et français la couverture du conflit israélo-palestinien par les journalistes de l'hexagone.
"Flagrant délit de désinformation sur le Proche-Orient".
Le site de la revue Politis revient sur la nouvelle mise en cause de l'objectivité de la presse française par des intellectuels pro-israéliens.
"Un entretien exclusif avec Charles Enderlin, deux ans après la mort en direct de Mohamed Al-Dura à Gaza".
Article très documenté de Proche-orient.info qui détaille bien toute l'affaire liée au reportage de France 2, et notamment les relations entre les chaînes de télévision occidentales et les officiers de Tsahal, la teneur du reportage de l'ARD. Où Charles Enderlin précise que le général de l'armée israélienne Giora Eyland a déclaré le 3 octobre 2000 : " selon ce que nous comprenons, l'enfant a été touché par notre feu " ; le porte parole de Tsahal : "selon nous, les deux versions sont possibles ".
[1] La justice intervenant dans ce dossier, je préfère mettre des conditionnels
[2] Extraits de leur présentation : La Ména, de son nom complet la Metula News Agency, est dirigée au plan rédactionnel depuis le village israélien de Métula qui lui donne son nom. Ce village est le plus septentrional de l'État d'Israël, il est en fait l'aboutissement géographique d'un isthme politique entre le Sud-Liban et la Syrie. ../.. Là ne s'arrête pas la particularité de la Ména pour autant, puisque nous sommes la seule agence de presse dont la direction rédactionnelle se situe en Israël, qui emploie en permanence des correspondants dans les pays et territoires arabes, que sont le Liban, la Jordanie et la Palestine.
[3] En 2001, Esther Shapira réalise pour la chaîne de télévision allemande ARD, une "contre enquête", "Das Rote Quadrat (Le carré rouge), 3 balles et un enfant mort" qui souhaiterait prouver que l'enfant à été tué par des balles palestiniennes (voir l'article de Tom Segev). Mais ce reportage est uniquement basé sur les investigations personnelles d'un général de Tsahal. Certaines organisations extrémistes juives reprochent à France 2 de ne pas vouloir diffuser ce document.
[4] Un collaborateur d'origine palestinienne, parce qu'en territoire palestinien, en période de conflit, seuls eux arrivent à travailler
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