Les oméga-3 sont des graisses (ou lipides, les deux dénominations sont synonymes), présentes en quantités très importantes dans le cerveau. Or, cet organe est le plus gras du corps humain, juste après le tissu adipeux.
Avec une particularité insigne : les lipides du cerveau participent presque exclusivement aux structures biologiques qui le constituent (comme à celles du système nerveux, d’une manière plus générale, y compris la rétine), contribuant massivement à ce que l’on appelle les membranes biologiques, et à la myéline (comptant 80% de lipides), qui assure la conduction de l’influx nerveux sur 150.000 km de fibres nerveuses. Situation très différente : le gras du tissu adipeux constitue une réserve énergétique (que d’aucuns voudrait voir parfois s’amenuiser…). Avec les oméga-6, les oméga-3 représentent environ 1/3 des lipides cérébraux !
Ces oméga-3 sont qualifiés d’indispensables ; comme le sont les vitamines, minéraux, oligoéléments et certains acides aminés. C’est-à-dire que le corps humain n’est pas apte à les synthétiser, alors qu’il en a obligatoirement besoin. L’apport alimentaire est donc absolument inévitable. Sinon, des perturbations et même des maladies, peuvent s’ensuivre.
Les nombreuses cellules cérébrales exercent à l’évidence des activités tout à fait spécifiques. Parmi elles, les neurones (environ ¼ de la masse du cerveau) sont particulièrement riches en oméga-3 ; tout comme le sont leurs terminaisons nerveuses, siège de leurs intercommunications. Tout déficit alimentaire pendant l’élaboration du cerveau (période périnatale, c’est-à-dire pendant la grossesse puis l’allaitement, car le poids du cerveau, qui est de 330 g à la naissance, atteint 1.000 grammes 12 mois plus tard) ne peut qu’altérer sa structure, et par conséquent son fonctionnement.
Ultérieurement, pendant toute la vie, il convient de préserver ces neurones, en assurant le bon renouvellement et maintien de leurs structures, notamment par un apport adéquat en oméga-3.
Sinon les fonctions cérébrales, en particulier les performances cognitives, pourraient en pâtir. Car un neurone qui disparait n’est pas remplacé par un autre (dans le meilleur des cas, ceux qui survivent peuvent prendre à leur charge tout ou partie des fonctions de celui qui a été perdu). En outre, il convient de rappeler que les oméga-3 sont bénéfiques à la considérable vascularisation du cerveau (il utilise 20% de l’oxygène respiré, alors qu’il ne représente que 2% du poids du corps d’un adulte : pour ce faire, les vaisseaux sanguins sont particulièrement développés).
Mais comment, avec les oméga-3, bien nourrir la santé cérébrale, le bien-être du cerveau ?
Que faire en pratique ? En particulier dans le cas d’une alimentation hypocalorique, comment préserver expressément les » bonnes » graisses, c’est-à-dire celles qui contiennent les oméga-3. Au pluriel, car ils sont au nombre de 2 à bénéficier de recommandations de consommation. Les Français et les Françaises
en consomment très insuffisamment, il faut donc veiller à les privilégier dans les aliments.
· Le premier, dont le nom est acide alpha-linolénique (acronyme : ALA) relève plutôt du règne végétal, par exemple dans les huiles de colza et de noix.
· L’autre oméga-3 porte le nom d’acide docosahexaénoïque. Il est maintenant bien connu sous son acronyme DHA, et par son nom trivial : acide cervonique, car il fut découvert dans le cerveau. Il est présent plutôt dans le monde animal, spécifiquement marin : poissons et fruits de mer.
Pour le cerveau, il faut donc veiller à consommer au moins deux fois par semaine du poisson, dont au moins une fois du poisson gras (sardine, maquereau, saumon, hareng). Bon appétit !
Source : La Lettre de la Nutrition- Lettre d’Information des Thermes de Brides-Les-Bains® N°20 – Août 2016
Auteur : Jean-Marie Bourre, Membre de l’Académie de Médecine et de l’Académie d’Agriculture de
France. Ancien directeur des unités Inserm de Neuro-toxicologie puis de Neuro-pharmaco-nutrition.
Auteur très récemment (mars 2016) de » La chrono-alimentation du cerveau « , Odile Jacob.