L’apnée de la prématurité est une condition fréquente chez les petits prématurés, caractérisée par des arrêts de la respiration, qui peuvent durer plusieurs secondes et s’accompagner de chutes sévères de l’oxygénation. Ces troubles respiratoires sont principalement liés au développement encore inachevé du système respiratoire du bébé, encore incapable de percevoir les signaux du cerveau qui lui indiquent de respirer. Les poumons ne sont pas complètement développés, n’ont pas beaucoup d’oxygène en réserve. Durant ces périodes d’apnée, le niveau d’oxygène dans le corps baisse, la fréquence cardiaque peut chuter et le tout peut endommager les poumons et les yeux, le cœur, les systèmes nerveux et hormonal et enfin le cerveau, ce qui peut entraîner des troubles du comportement à vie.
Ce dispositif va faire croire au nouveau-né, par ces vibrations, qu’il est en plein effort physique, ce qui va l’inciter à respirer.
Aujourd’hui, les Unités de soins intensifs en néonatalogie (USIN) utilisent toute une série de protocoles pour réduire au minimum la durée de ces apnées chez les bébés prématurés, par la position de couchage, la pose d’un masque (oxygénothérapie) et en leur donnant de la caféine pour stimuler le cerveau mais ces thérapies ne sont pas sans risques. Le Dr Ronald Harper, professeur de neurobiologie à la David Geffen School of Medicine de l’UCLA est parti de l’hypothèse que même les nouveau-nés possèdent ce mécanisme inné qui permet de déclencher la reprise de la respiration. Or ce mécanisme part des fibres nerveuses, des mains et des pieds qui signalent au cerveau que le corps est en pleine activité. Les signaux envoyés par ces petites fibres sont couplés avec un autre ensemble de fibres cérébrales qui régulent la respiration et les signaux de régulation. Et ce couplage, explique l’auteur, existe même chez les prématurés et les très jeunes enfants.
Une petite télé-alarme à piles : L’idée d’utiliser un appareil respiratoire externe pour traiter l’apnée du prématuré a surgi autour d’une tasse de café, entre médecins qui discutaient des manières de soutenir la respiration d’un bébé en indiquant au cerveau que le bébé était en pleine action (et avait donc besoin d’oxygène). La même équipe avait déjà mis au point un dispositif pour traiter les adultes souffrant de problèmes respiratoires. Le dispositif se présente comme un boîtier de télé-alarme avec des fils qui se connectent à de petits disques placés sur la peau au niveau des articulations des pieds et des mains du bébé (voir visuel ci-contre). Lorsque le dispositif est en marche, les disques vibrent doucement, ce qui incite les fibres nerveuses à alerter le cerveau que le corps est en mouvement et qu’il a besoin d’oxygène.
Un clin d’œil et un remerciement à l’évolution ! Placer ces capteurs sur les mains est un clin d’œil à la façon dont le corps humain a évolué, expliquent les chercheurs ! Les premiers humains se déplaçaient à 4 pattes et les fibres nerveuses des mains sont toujours impliquées dans cette signalisation du mouvement au cerveau.
Testé sur 15 nourrissons prématurés : mimer ce réflexe fruit de l’évolution, peut contribuer à traiter tout type de trouble du sommeil associé à des problèmes respiratoires, avec pour ces médecins, la cible prioritaire des bébés prématurés. Les chercheurs ont donc testé le dispositif chez 15 nourrissons prématurés nés à 23 à 34 semaines de gestation, qui éprouvaient des pauses respiratoires et souffraient, par périodes, de manque d’oxygène. Les disques ont été placés sur une main et un pied, et le dispositif a été activé par période de 6 heures suivie de 6 heures de repos, sur un total de 24 heures.
Les scientifiques constatent que lorsque le dispositif est en marche, le nombre d’yypoxies est réduit de 33%, le nombre d’épisodes d’apnée de 40%. Le dispositif permet également de réduire le nombre d’épisodes d' » insuffisance cardiaque » de 65%- ce qui est évidemment vital. Les chercheurs envisagent maintenant de tester cette approche sur un plus grand nombre de patients et sur une période plus longue. Ils souhaitent également étudier les effets du dispositif sur la pression artérielle et d’autres mesures cardio-respiratoires, ainsi que son impact sur la qualité du sommeil. N particulier, le dispositif est aujourd’hui testé sur des adolescents qui souffrent de problèmes respiratoires en raison de blessures de la moelle épinière et des adultes atteints de troubles du sommeil dont l’apnée obstructive du sommeil (SAOS).
Source: PLoS ONE (Visuel@Justin Stephens/Mattel Children’s Hospital UCLA) In Press via Eurekalert (AAAS) 5-Aug-2016
Inspired by evolution: A simple treatment for breathing problem among premature infants