Extrait : LES REBELLES (Jean Pierre CHABROL)

Par Elisabeth Leroy

La montagne d'abord. La Cévenne.

Chacun la sienne. Atlas, géographie, dictionnaire, on ne trouve jamais imprimé que "les Cévennes" ; en passant de la vie sur le papier, cet étrange pays prend le pluriel.

La Cévenne n'est pas de ces contrées qui se laissent apercevoir, côtoyer, toiser, parcourir, aimer, quitter, elle ne peut être ni un passage, ni une passade. On est dedans ou dehors.

Dans ses vieux mas d'une hautaine misère, l'hospitalité s'applique comme une loi martiale. Dès qu'on a poussé la porte, on entend ce cri : "Entre ou sors !". Il faut décider sur l'instant, la tramontane n'attend pas mais la décision prise peut l'être à vie.

Dedans, c'est bien dit : le monde, tout le reste du monde est dehors, derrière les trois montagnes, le Lozère qui tourne le dos au Vivarais, le Bougès qui le tourne au Gévaudan, l'Aigoual qui le tourne à l'Afrique. Trois monts chauves, trapus, râblés, épaule contre épaule, pour retenir le ciel gaulois.

La montagne d'abord. La Cévenne.

Chacun la sienne. Atlas, géographie, dictionnaire, on ne trouve jamais imprimé que "les Cévennes" ; en passant de la vie sur le papier, cet étrange pays prend le pluriel.

La Cévenne n'est pas de ces contrées qui se laissent apercevoir, côtoyer, toiser, parcourir, aimer, quitter, elle ne peut être ni un passage, ni une passade. On est dedans ou dehors.

Dans ses vieux mas d'une hautaine misère, l'hospitalité s'applique comme une loi martiale. Dès qu'on a poussé la porte, on entend ce cri : "Entre ou sors !". Il faut décider sur l'instant, la tramontane n'attend pas mais la décision prise peut l'être à vie.

Dedans, c'est bien dit : le monde, tout le reste du monde est dehors, derrière les trois montagnes, le Lozère qui tourne le dos au Vivarais, le Bougès qui le tourne au Gévaudan, l'Aigoual qui le tourne à l'Afrique. Trois monts chauves, trapus, râblés, épaule contre épaule, pour retenir le ciel gaulois.