Ce débat sur le burkini, ce vêtement récemment inventé, pourrait nous faire penser à des débats sur le burkini, ce vêtement récemment inventé, pourrait nous faire penser à des débats du moyen-âge sur le sexe des anges, ou autres discussions devenues comiques parce que l’on en a perdu le sens aujourd’hui, mais qui furent si importantes à l’époque. On peut rester trivial, et se moquer d’une société française où l’on s’étripe pour un bout de tissu, et se revendiquer de manière facile d’un droit à la « liberté », à la manière d’un philosophe du 18ème siècle, en décontextualisant le débat.
Nous redécouvrons ainsi des débats anciens, des débats de symbole, et où la trivialité du sujet matériel pourrait prêter à rire. Ce n’est pas parce qu’une guerre se fait à coup de symboles, représentés par des objets dérisoires, qu’elle ne doit pas être prise au sérieux. D’ailleurs, les islamistes ne s’y trompent pas, qui critiquent les arrêtés municipaux d’interdiction du burkini sur la base de « la liberté d’expression ». Il s’agit bien pour eux d’avancer des pions sur l’échiquier sociétal, d’exprimer quelque chose dont la femme est le mannequin ou l’otage, il ne s’agit surtout pas de défendre une « liberté tout court », une initiative personnelle, mais une ‘expression’.
On le constate dans nos banlieues, où, en l’espace de 20 ans, on a eu l’impression d’effectuer un voyage dans le temps vers un passé qu’aucune génération dont on garde le souvenir, en France, n’avait connu. Même un voyage à l’étranger n’est plus aussi dépaysant qu’un simple déplacement de 10 kilomètres en dehors de Paris. Cette guerre des symboles est peut-être salutaire, elle permet d’exprimer ce que beaucoup de français ressentent et expriment de plus en plus ouvertement, ce refus de cette involution, de cette décadence, d’une société archaïque en plein XXIème siècle.
Stratégiquement, les musulmans commettent une erreur, ils n’ont pas perçu l’état de lassitude de la société française, qui accepterait tout à fait que l’Etat interdise le burkini, et même le voile. Il n’est plus possible de penser la France comme on pouvait le faire encore voici quelques années. Les attentats ont provoqué une prise de conscience, ont secrété des anticorps contre l’intégrisme, et autour de moi, je vois bien que les gens ont beaucoup évolué en peu de temps, et n’acceptent plus vraiment cette situation. C’est peut-être aussi une chance pour les populations concernées, cet état d’esprit n’est pas teinté de racisme, c’est le refus d’une dictature, et peut-être une chance pour elles de sortir de l’enclave.