En fouillant dans les données collectées par le satellite Kepler, quant aux exoplanètes découvertes (confirmées ou pas encore), une équipe en a sélectionné 216 qui figurent dans la zone habitable de leur étoile. Parmi elles, 20 font moins de deux fois la taille de la Terre et sont susceptibles d’arborer la vie. Cela permet par la suite de mieux se concentrer dessus pour les étudier.
À l’heure où la population humaine approche les neuf milliards d’individus (projection pour 2050) dans un contexte géopolitique mondial qui s’annonce de plus en plus tendu relativement aux ressources limitées de notre planète et le changement climatique en cours (sans oublier l’épuisement des réserves halieutiques, l’effondrement de la biodiversité…), beaucoup se disent, à l’instar de Stephen Hawking, et sans être pessimiste, qu’il est temps pour l’humanité de sortir de son « berceau » et de s’envoler vers d’autres mondes.
« Je pense que l’avenir à long terme de la race humaine se trouve dans l’espace. Il sera déjà difficile d’éviter une catastrophe sur la planète Terre dans les 100 prochaines années, sans parler du prochain millier ou million d’années » avait-il déclaré en 2010.
Cette aventure a déjà commencé en faisant nos premiers pas sur la Lune, il y a presque un demi-siècle. La prochaine étape est Mars (2025 ? 2030 ?), notre voisine. Sur le long terme, nous devrions pouvoir explorer des planètes en orbite autour d’autres étoiles que le Soleil, des exoplanètes, avec bien sûr, toujours à l’esprit, la recherche d’autres formes de vie.
Une deuxième Terre
Sans doute commencerons-nous par la plus proche de toutes, autour de Proxima du Centaure (4,2 années-lumière) où, si la rumeur se confirme fin août, une exo-Terre gravite dans la zone habitable de la naine rouge.
Cette planète ne figure pas dans le Top 20 des meilleures candidates à l’habitabilité qu’a réalisé Stephen Kane, chercheur à la San Francisco State University (SFSU) — il est le codécouvreur de nombreuses exoplanètes dont notamment Kepler-186f — et son équipe. Durant près de trois ans, ils ont passé au crible les 4.696 candidates débusquées avec le satellite Kepler à dessein de ne retenir que celles qui ont le plus de chances d’abriter de la vie et/ou de ressembler à nôtre.
« Cela signifie que nous pouvons nous concentrer et effectuer des études de suivi de ces planètes pour en apprendre davantage à leur sujet, y compris si elles sont en effet habitables » a déclaré l’auteur principal de l’étude acceptée pour publication dans The Astrophysical Journal et disponible sur arXiv.
Critères de sélection
Parmi les 4.700 exoplanètes remarquées par le satellite Kepler depuis 2009, quelque 2.326 ont été confirmées jusqu’à présent. Il en reste donc encore plusieurs centaines qui attendent d’être validées. Il peut y avoir des faux positifs parmi elles mais en procédant avec la méthode élaborée par leur confrère Timothy Morton (voir à ce sujet : « 1.284 nouvelles exoplanètes découvertes par Kepler »), les chercheurs ont pu les éliminer et en considérer un grand nombre dans ce lot.
Distribution d’exoplanètes au sein des zones habitables relatives à leur étoile. Les tailles des planètes sont proportionnelles à celles de la Terre (earth) — Crédit : Chester Harman
Au total, l’équipe a retenu 216 planètes évoluant dans la zone habitable de leur étoile — la région tempérée d’une étoile où il ne fait ni trop chaud ni trop froid de sorte que de l’eau, quand il y en a, peut demeurer à l’état liquide en surface ; une condition requise pour développer des formes de vie comme la nôtre. Avec des filtres plus restrictifs, il en reste donc 20. Vingt qui sont susceptibles de ressembler plus ou moins à la Terre. Les critères choisis sont une taille inférieure à deux fois celle de notre biosphère et la présence dans une zone habitable stable (donc une étoile stable).
Dans leur sélection appelée à évoluer au cours des années, vous en connaissez peut-être cinq, car déjà confirmées et médiatisées (les quinze autres le seront — ou non — prochainement). Ce sont Kepler-186f, Kepler-62f, Kepler-283c, Kepler-296f et Kepler-442b. La première est la plus célèbre mondialement de toutes.
« C’est passionnant de voir l’énorme quantité de planètes qui sont là-bas, a commenté Michelle Hill, étudiante australienne qui a participé à l’enquête. Cela suggère qu’il n’y a aucune chance pour qu’il n’y ait pas d’autre endroit où la vie pourrait être trouvée ».
Alors, est-ce que la vie pullule dans notre Galaxie et l’univers ? « Je pense que nous allons avoir des indications fortes que de la vie existe au-delà de la Terre d’ici une décennie et que nous aurons des preuves définitives dans 20 à 30 ans » déclarait en 2015 Ellen Stofan, directrice de la division des Sciences de la Nasa, en charge de l’exploration scientifique de la Terre, du Système solaire et de l’univers.