Les maisons de luxe ne se posent plus la question d’aller ou non sur internet
D’après un récent article paru dans le magazine Stratégies*, les maisons de luxe savent que le web est devenu un canal de distribution incontournable. Ce média fait désormais partie intégrante de la stratégie marketing des marques de luxe. Mais il reste à savoir comment aller sur le Net sans se tromper. En effet, les marques ont encore une connaissance limitée des attentes des internautes. La question est surtout de savoir comment les clients du luxe souhaitent que leurs marques s’investissent sur le Net.
Seul un tiers des marques de luxe vendent leurs produits en ligne
En 2006, Internet ne représentait qu’à peine 1 % des parts de voix des investissements médias du secteur du luxe**. Il en représente 7 % aujourd’hui. Selon une récente étude conduite par Forrester Research (Source EcommerceMag), seul un tiers des marques de luxe vendent aujourd’hui leurs produits en ligne et la moitié d’entre elles n’ont aucun plan d’action précis sur le sujet.
Une étude commandée par la régie publicitaire de Microsoft “Luxury Lovers & Digital Advertising” (réalisée en octobre-novembre 2007), nous apporte des éléments de réponses sur le comportement et les attentes des internautes /acheteurs de luxe en ligne (cf. Méthologie de l’enquête au bas du billet)
1. Internet fait désormais partie intégrante de la démarche d’achat du luxe
Une majorité des internautes, client(e)s des marques de ce secteur, a le réflexe de visiter le site de la marque avant de conclure - de plus en plus - l’achat en ligne. Les consommateurs de luxe attendent beaucoup des marques de luxe. Il s’agit d’entretenir un univers de marque avec une relation de type rationnel /émotionnel, et de proposer aux internautes des contenus personnalisés, des divertissements en ligne, des traitements de faveur pour les pivilégiés, coaching, créations ultra-qualitatives…
2. Développer la créativité en ligne
L’environnement en ligne doit rester hautement qualifié pour ne pas dégrader la marque. En passant du offline au online, on doit enrichir l’histoire et la créativité de la marque. Les clients attendent un très haut niveau de création mais estiment qu’on en reste loin aujourd’hui. Attention aussi à captiver sans irriter, donc bannir les pop-up et autres dispositifs intrusifs. Des sites comme ceux de Louis Vuitton, Cartier ou Jean-Paul Gaultier prouvent qu’il est possible d’allier créativité et praticité.
www.jeanpaulgaultier.com/fr - L’internaute peut commander la gravure personnalisée de son flacon de parfum
3. Proposer des offres exclusives en ligne
En achetant en boutique, le client commence une histoire avec la marque. Le site internet prolonge cette histoire entre la marque et son client. Grâce aux nouvelles technologies, internet permet de rajouter des opportunités de faire vivre l’héritage de la marque.
“Les marques de luxe sont jusqu’à présent assez conservatrices et n’ont pas encore totalement saisi l’énorme potentiel créatif que permet le Net, elles continuent de communiquer sur Internet comme elles le feraient sur le papier ou en affichage alors qu’il faut utiliser le Web différemment”, constate Olivier Abel, associé de l’agence La Chose, qui a finalisé le site Internet de Viktor & Rolf. Victoria Bracewell Lewis, de Forrester Research fait écho : « Le secteur du luxe devrait arrêter de reproduire l’expérience client du magasin avec des sites Web peu fonctionnels, quoique très beaux. »
www.viktor-rolf.com - “Secret Service” permettant d’accéder à des privilèges exclusifs
4. Créer un lieu de connivence
Le propre d’une boutique de luxe est d’apporter un haut niveau de services et des conseils personnalisés au client. Celui-ci fait l’objet d’une attention particulière, et il aime faire partie d’une communauté de privilégiés. La marque devra flatter le sentiment du client du luxe d’appartenir à un club, en lui proposant bien plus que des informations : des offres exclusives, différents niveaux de « membership». Il apprécie également qu’on le sollicite en tant qu’expert de la marque.
Site de Jaeger LeCoultre - Le Club - Accès au blog de la marque où les membres peuvent discuter librement autour de la marque
Le grand magasin new-yorkais Saks 5th Avenue l’a bien compris avec un site faisant largement appel aux recommandations personnelles des internautes et facilitant la consultation des avis « peer to peer ».
www.saksfifthavenue.com - Visualisation des derniers défilés Collection Versace
Enfin, le site doit faciliter l’acte d’achat, préciser les lieux de vente, et mieux encore les prix, ce qui est malheureusement loin d’être répandu aujourd’hui. Il faut toujours rester proche des trois incontournables du marché du luxe : se faire plaisir, exclusivité, statut. Au-delà du diagnostic, l’objectif de l’enquête Microsoft est de tirer un certain nombre d’enseignements au profit des marques de luxe, de leur donner des clés de communication pour le Net. Un outil de médiaplanning précieux pour un secteur qui reste encore prudent sur la Toile.
Méthodologie
Cette étude internationale a été commandée par la régie publicitaire de Microsoft et réalisée en octobre-novembre 2007, en trois étapes, par l’institut britannique Essential. Au total, 38 consommateurs de produits de luxe ont été interrogés à Paris, New York, Londres et Tokyo. L’étude qualitative est à la fois fondée sur des témoignages - plusieurs entretiens pour chacune des personnes interrogées - et sur l’observation de leurs pratiques spécifiques d’Internet grâce à un carnet de bord quotidien.
Sources :
* Magazine Stratégies N°1504 - 05/06/2008
** Étude MSN-Ipsos, juin 2006.