Après des années de développement, les voitures autonomes d’Uber seront prêtes à accueillir leurs premiers passagers pour les transporter gratuitement dans les prochains jours.
«La raison pour laquelle les tarifs d’Uber peuvent être élevés, c’est parce que vous ne payez pas seulement pour la voiture – vous payez aussi pour l’autre dude qui est à bord», a déclaré en 2014 le PDG d’Uber, Travis Kalanick, alors qu’il dévoilait l’intention de son entreprise de se prémunir de sa propre flotte de voitures autonomes.
Flotte qui a été développée en partenariat avec Volvo, comme le rapporte Bloomberg, et qui est enfin prête pour une mise à l’essai publique.
Pour ce faire, on retrouvera deux autres dudes à bord, «comme le dictent le gros bon sens et la loi». L’un de ces ingénieurs sera assis aux commandes du véhicule, prêt à reprendre son contrôle si jamais un incident imprévu survenait, tandis que l’autre prendra des notes.
«L’objectif est de nous détacher du besoin d’avoir un pilote à bord de nos voitures, ainsi, nous ne voulons pas que le public engage la conversation avec nos pilotes de sécurité.»
Mais heureusement pour les clients, malgré la présence d’un dude de plus, leur trajet sera gratuit. Une façon de les remercier de participer à cette importante étape préliminaire de ce qui pourrait devenir une nouvelle ère dans l’industrie du transport de personnes.
À l’intérieur de cette Volvo XC90 autonome toutefois, le silence sera de mise. Chaque voiture est équipée d’une tablette située à l’arrière, servant à informer les passagers qu’ils sont dans une voiture autonome, et leur fournir des instructions. «L’objectif est de nous détacher du besoin d’avoir un pilote à bord de nos voitures, ainsi, nous ne voulons pas que le public engage la conversation avec nos pilotes de sécurité», a expliqué Raffi Krikorian, directeur de l’ingénierie d’Uber.
Si les voitures autonomes d’Uber n’ont pas encore été confrontées à des problèmes lors de leur mise à l’essai privée sur les routes de Pittsburgh en mai dernier, un incident est inévitable selon Krikorian. «Nous sommes confrontés avec cette réalité chaque jour», a-t-il dit. «Ça s’en vient.»
Les ponts représentent un défi de taille
Lors des récents essais routiers effectués cette semaine, le pilotage manuel était toujours une partie essentielle de l’expérience : chaque fois que le véhicule doit traverser la rivière Allegheny, un témoin sonore indique au conducteur qu’il doit prendre le contrôle du véhicule. «Les ponts sont vraiment difficiles», a précisé Krikorian. «Et on retrouve presque 500 ponts à Pittsburgh.»
Bienvenue à Pittsburgh, la ville de beaucoup de ponts.
En fait, il y en aurait exactement 446, faisant de Pittsburgh la ville avec le plus de ponts au monde – 3 de plus que Venise.
La raison pour laquelle les ponts représentent un défi de taille est liée au système employé par Uber. Au cours de la dernière année et demie, l’entreprise a accumulé des tonnes d’informations dans le but de construire une carte extrêmement précise de Pittsburgh, photographiant marquages au sol, bâtiments, nids de poule, voitures garées, bornes-fontaines, feux de circulation, arbres, etc.
Contrairement aux rues conventionnelles, les ponts sont dépourvus de nombreux indices permettant à la voiture de connaître exactement son emplacement. Certes, le véhicule est équipé d’un système GPS, mais la marge d’erreur de cette technologie est d’environ 3 mètres (ou 10 pieds). Le système de radar, caméras, lasers, et autres capteurs qui équipe les voitures autonomes d’Uber offre un niveau de précision allant jusqu’à 2,5 cm (ou 1 pouce).
À la différence de Google et de Tesla, Uber n’a pas l’intention d’exploiter sa technologie dans le but de construire ses propres voitures. L’entreprise vise plutôt à conclure des partenariats avec des constructeurs automobiles comme Volvo, et souhaite adopter sa technologie à d’autres véhicules actuellement sur le marché.
Le secret d’Uber réside dans les données que peuvent colliger ses voitures, qui parcourent en moyenne 160 millions de kilomètres par jour.
À noter qu’Uber a récemment déposé une offre pour faire l’acquisition d’Otto, une entreprise spécialisée dans la production de système de détection au laser et dans le développement de technologie destinée au pilotage automatique.
Mais le secret d’Uber réside dans les données que peuvent colliger ses voitures, qui parcourent en moyenne 160 millions de kilomètres par jour. L’entreprise pourra ainsi améliorer les cartes géographiques des villes dans laquelle elle opère, et revendre l’information aux entreprises qui exploitent le pilotage automatique dans ses véhicules.
«Personne n’a encore mis en place un logiciel qui peut assurer la conduite d’un véhicule en toute sécurité sans la présence d’un humain», aux dires de Kalanick. «Nous nous concentrons sur cet objectif.»
Reste à voir maintenant comment Uber arrivera à bout de ces maudits ponts.