L'association AddioPizzo créée en 2004 par sept jeunes Palermitains rassemble aujourd'hui plus de mille commerces en Sicile qui refusent de payer le pizzo (racket pour être "protégé" par Cosa nostra). Des actes courageux pour dire que la mafia n'est pas une fatalité.
Arrivée dans le port de Palerme à bord du MSC Preziosa. ©V.C.
AddioPizzo et AddioPizzo Travel cassent les mythes autour de la mafia puisque c'est la mafia elle-même qui s'est construit ses propres mythes (l'honneur, la famille, etc.). La réalité est bien plus tragique, comme l'explique Stefano Tringali, le guide d'AddioPizzo Travel, dans un français impeccable (il parle aussi couramment anglais).
Cet amoureux de littérature qui dit pleurer en lisant "Eugénie Grandet" ne baisse jamais les yeux lorsqu'il arrive qu'on le dévisage dans les rues de Palerme. "Ça n'arrive pas souvent, la population est majoritairement avec nous", dit-il. Les intimidations, voire les menaces, les anti-pizzo en reçoivent encore de temps en temps. "Moins qu'avant car on est plus nombreux et qu'on fait front".
La magnifique fontaine du XVIème siècle de la piazza Pretoria où se trouve l'Hôtel de Ville de Palerme. Le maire actuel, Leoluca Orlando, est ouvertement anti-mafia. ©V.C.
Le "No mafia tour" dure trois heures. Lors de ma rencontre avec Stefano, il a duré près de six heures... À peine débarquée pour une escale de croisière, je l'ai retrouvé au pied des marches du splendide Teatro Massimo, sur la piazza Verdi. Passionné et passionnant, Stefano ne compte pas son temps pour montrer aux étrangers que la mafia n'est ni du folklore, ni une fatalité.
Ce tour dans le vieux Palerme permet de découvrir quelques-uns des commerces qui ne paient pas le pizzo et les lieux de mémoire pour ne pas oublier les héros ordinaires assassinés par la Cosa nostra.
Pour en savoir plus, lisez mon reportage paru ce 17 août sur l'Edition du Soir, le webmagazine d'actualité publié par Ouest-France: Le cran des Siciliens.
Dans le quartier pauvre où il a grandi, une stèle s'élève sous un grand olivier à la mémoire du juge Giovanni Falcone, assassiné par la mafia le 23 mai 1992. Six cents kilos d'explosifs ont pulvérisé sa voiture sur l'autoroute, tuant aussi sa femme, la juge Francesca Morvillo, et trois policiers qui le protégeaient. ©V.C.
Stefano annonce la couleur sur son tee-shirt avec cette phrase, emblématique de l'association AddioPizzo: "Un peuple entier qui paie le pizzo est un peuple sans dignité". ©V.C.