MICROBIOME INTESTINAL: Et s'il était impliqué aussi dans la maladie cardiaque? – Molecular Nutrition and Food Research

Publié le 18 août 2016 par Santelog @santelog

Tout part d’un composé alimentaire, l’oxyde de triméthylamine (OTMA) bien documenté comme jouant un rôle clé dans le développement de la maladie cardiaque. Certains experts mettent d’ailleurs en garde contre une consommation excessive d’œufs et de viande parce que ces aliments génèrent l’oxyde de triméthylamine. Cette recherche de l’Université de Cornell, présentée dans la revue Molecular Nutrition and Food Research remet en question ce rôle néfaste d’OTMA en démontrant que le microbiome intestinal influence de telle manière la circulation de l’OTMA qu’on peut se demander si ce n’est pas lui le principal facteur de développement de la maladie. OTMA ne serait alors qu’un biomarqueur d’un microbiome intestinal déréglé.

Marie Caudill, professeur de sciences de la nutrition et auteur principal, explique que son étude soulève la question de la responsabilité de l’OTMA ou du microbiome dans le processus de la maladie. En bref, l’oxyde de triméthylamine est-il un facteur de risque de maladie cardiaque ou est-ce seulement un biomarqueur de la maladie.

L’étude a invité 40 jeunes hommes en bonne santé à consommer un des 4 repas suivants : un repas à base de poissons, un à base d’œufs, un à base de viande et un à base de fruits (repas témoin). Chacun de ces repas a été proposé dans un ordre aléatoire un seul jour et séparés par une période de  » sevrage  » d’une semaine. Avant et après chaque repas, les chercheurs ont analysé le microbiome via les selles, et dans le sang et les urines les niveaux OTMA.

·   Les participants avec niveaux d’OTMA élevés -après avoir consommé des repas à base d’œufs et de viande présentent aussi des niveaux plus élevés de bactéries Firmicute dans leur microbiote intestinal, des bactéries qui convertissent les nutriments, la choline des œufs et la carnitine de la viande en triméthylamine (TMA) qui est ensuite transformée en OTMA. Ces participants présentent aussi un microbiome intestinal moins diversifié.

·   Les participants avec des niveaux inférieurs d’OTMA présentent des niveaux plus élevés de bactéries bactériodides.

·   Les participants, après avoir consommé du poisson, voient leurs niveaux d’OTMA augmenter dans les 15 minutes et 50 fois plus que lorsqu’ils ont consommé des œufs ou de la viande.

L’ensemble de ces données suggèrent un rôle clé du microbiome intestinal dans la régulation des niveaux d’OTMA et pose la question de la responsabilité directe du microbiome intestinal, plutôt que de l’OTMA dans le développement de la maladie cardiaque.

Résumons : une consommation élevée d’œufs et de viande rouge, connue pour favoriser le développement de la maladie cardiaque, pourrait être contrée ou favorisée, dans cet effet et en particulier dans l’élévation des niveaux d’OTMA, par le microbiome intestinal.

OTMA marqueur et non facteur ? Les auteurs rappellent une précédente recherche de 2011 qui montre que les profils sanguins chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires présentent des niveaux élevés de circulation OTMA. OTMA a également été impliqué dans la formation de la plaque artérielle, chez l’animal. Enfin, le cancer du côlon a aussi été associé à des niveaux d’OTMA élevés, jusqu’à 5 ans avant le développement du cancer. Ces résultats ont conduit aux recommandations alimentaires de consommation raisonnable de poissons, œufs et viande. En conclusion, l’élévation d’OTMA peut être un biomarqueur de différences dans le microbiome intestinal et le microbiome le facteur clé du risque de maladie, que ce soit cardiaque, ou métabolique, ou encore un cancer… expliquent les auteurs. On en revient à nouveau à ce rôle clé du microbiote/microbiome dans le risque de maladies, très diverses et touchant différents tissus et organes.

De prochaines recherches sont prévues pour préciser le rôle du microbiome intestinal dans la maladie cardiaque et, sur un plan plus pratico-clinique, identifier  » le moyen  » de réduire la circulation de l’OTMA.

Source: Molecular Nutrition and Food Research 3 AUG 2016, DOI: 10.1002/mnfr.201600324 Trimethylamine-N-oxide (TMAO) response to animal source foods varies among healthy young men and is influenced by their gut microbiota composition: A randomized controlled trial

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