La Route du Rock 2016 - Jour 3

Publié le 16 août 2016 par Antoine Dubuquoy

Les muscles des jambes tirent un peu. La station debout pendant des heures commence à se faire sentir. Il est 18h00, le site vient d'ouvrir et se remplit lentement. Toujours pas une goutte de pluie, soleil de plomb. Yeah, baby!!!

Morgan Delt monte sur scène avec ses acolytes. Son guitariste arbore une jolie coupe de cheveux bleu vert à la Kurt Cobain, assortie, comble du chic, à sa chemise et sa guitare. La fashion police peut valider. Côté musique, on est dans un trip psyché avec la réverb qui va bien, mais des chansons aussi, ce qui ne gâte rien et laisse une impression favorable. Quelques incursions dans un très gros son quasi-stoner. Wow! On peut fermer les yeux et se laisser porter. Côté communication, c'est pas vraiment ça, l'artiste fait son taf, marmonne un vague thank you à la fin de chaque morceau. On ne sent pas qu'on va s'en faire un pote... A réécouter tout de même. 

Bière pour fêter cette entrée en matière. 

Et Julia Holter entra en scène. Un contrebassiste, une alto, un batteur. Une formule simple. Et belle pour une musique unique, apaisante, mélodique, un moment où une fois de plus le temps se suspend. Je note au passage que côté métaphore, j'ai déjà employé cette formule. Est-ce une métaphore d'ailleurs? Mr Dubuc se secoue les méninges. Euh. non, une impression. Mais il est sous le charme de Julia Holter, et est prêt à commettre l'irréparable, faire une infidélité à Anna Calvi. Car il y a une similitude entre les deux artistes. Même si Miss Holter n'est pas guitariste. Et m'apparaît comme un mélange étrange entre Björk (en moins nordique, moins "je revendique à donf mon côté arty" et moins prise de tête...) et Joni Mitchell, par certaines intonations vocales. Bref, c'est beau. 

LUSH enchaîne. La combinaison parfaite entre très gros son de guitares et voix pures et éthérées. Un show accrocheur et sympa, Miki Berenyi tout sourire, qui profite de l'occasion de s'excuser pour le Brexit. Je dois avouer avoir fait l'impasse sur Lush dans les années 90. Je m'étais fait la même réflexion les années précédentes pendant les shows de Ride ou de Slowdive. Je n'en avais que pour Nirvana et les Smashing Pumpkins. Plus US que UK. Ou j'avais oublié Lush. Je ne sais plus. C'est une redécouverte. Une nouvelle rencontre. Parfois, les reformations ont du bon, quand elles ne se contentent pas de jouer sur la nostalgie d'une période bénie. Lush est dans l'époque. La cinquantaine heureuse.

Le volume est monté avec Lush, l'explosion va se  produire avec FIDLAR. Certes, il n'est plus trop de bon goût d'utiliser des images guerrières en cette période un tantinet agitée (un peu d'understatement ne peut pas nuire). Mr Dubuc se colle à la scène, pas au centre, plutôt en mode ailier gauche. Il entend les responsables de la sécurité, au pied de la scène se préparer à un show où ça va slammer. Et là, on passe des sages quinquas de Lush aux gamins, affreux, sales et méchants mais souriants et détendus du skate de FIDLAR. Qui entrent dans leurs sujets à fond, immédiatement et sans préliminaires. Jubilation. Extase. Du bon gros punk qui défonce les tympans, qui te brise les cervicales à coup de headbanging furieux. Ca slamme dans tous les sens. Le bruit et la fureur. Jubilation cathartique totale. Il y a des groupes qui s'écoutent au casque, un verre de Diplomatico à la main (c'est du rhum vénézuelien aux accents de vanille - citation gratuite et non-sponsorisée), il y en a d'autres qu'il faut vivre dans sa chair. Dans le bordel total. 

Fat White Family enchaîne. Et on sait d'emblée que ça va être très chaud. Très bordélique. Le public est chauffé à blanc. J'ai quand même un problème avec FTWF. Il y a deux ans, j'ai pas accroché. J'ai réécouté, à tête reposée. J'ai bien aimé. Je retente. Ils sont sur la scène du Fort. La grande scène. Noir salle. Si l'on peut dire... Allah Akhbar... Une mélopée sort des enceinte. Le chant du muezzin. Et FTWF entre en scène. Les rois du non-look. Ca démarre fort, je n'accroche toujours pas. Etrange. Pourtant Télérama me les a vendus comme "tissant la bande-son d'un monde en décomposition"... Peut-être ne souhaité-je pas voir. C'est sauvage comme il faut, indéfinissable. J''y reviens quand même. Va falloir faire une séance de rattrapage. 

La foule se disperse à la fin du show, j'en profite pour me glisser jusqu'au premier rang pour revoir Savages. découverte de la Route du Rock 2015 avec un concert shamanique, brutal, magnifique. Revues à la Cigale, devant un public plus confiné, plus sage, plus froid. Question du soir, comment Jehnny Beth et sa bande vont se renouveler pour ne pas donner l'impression de balancer le même show qu'un an plus tôt. Et puis, soyons clair, je VEUX voir Jehnny Beth de près, voir ce moment où elle est portée par la foule. où elle est au contact d'un public porté à l'incandescence. Et c'est parti, love is the answer motherfuckers!!! L'attitude, la voix, la gestuelle précise, les mouvements de corps de grande prêtresse vaudou, les incantation entre Patti Smith et Siouxsie. Perchée sur des Louboutin. Le public devient fou. Gemma balance les riffs. Fay matraque les fûts avec une puissance qu'on croyait réservée à des colosses comme John Bonham. Ayse envoie le groove. C'ets proprement diabolique, démoniaque. Headbanging à se démonter le cou. Yeah, baaaaaaby! Jehnny descend dans la fosse, escalade la barrière. Un classique Savages. Moment de pure folie. Qu'ajouter, sinon le moment aérien, la reprise hommage  à Alan Vega, le sublime Dream Baby Dream. Et Adore, repris en choeur, I adoooooooooore life. Et le final fou sur Fuckers. On en redemande. On voudrait que ça ne s'arrête pas. 

Je fais l'impasse sur Sleaford Mods et Jagwar Ma, pour des raisons déjà  évoquées précédemment. Et j'ai de la route. Et c'est difficile d'envisager un autre concert après l'incandescence des Savages. Voila. 

Retour au parking, la voiture couverte de poussière. 

On se dit que c'est déjà fini. du moins pour cette année. On triera les photos plus tard. on fera le bilan des meilleurs concerts. On va voir ce qu'on va réécouter.

Un peu de Savages pour la route, à donf histoire de ne pas redescendre trop vite.