Le garcon invisible - 7,5/10

Par Aelezig

Un film de Gabriele Salvatores (2015 - Italie, France) avec Ludovico Girardello, Valeria Golino, Fabrizio Bentivoglio, Noa Zatta

Original... ça change des super-héros hollywoodiens !

L'histoire : Trieste, nord-est de l'Italie. Michele (prononcez Mikélé SVP) est un adolescent lambda, ordinaire, avec tous les problèmes que cela comporte : un amour secret pour sa jolie voisine de classe, Stella, une mère policier qui lui met la honte quand elle vient au lycée, pas de papa, et un caractère timide et réservé qui attirent bien entendu les petits harceleurs et racketteurs du coin. Pas facile. Pour fêter Halloween, chez Stella qui a invité toute la classe, il a un budget de 50 euros pour s'acheter un costume. Super héros, il aimerait bien. Mais ses camarades lui piquent ses sous... Il se retrouve dans un petit bazar chinois où, pour le peu d'argent qu'il lui reste, on lui propose un infâme pyjama beige avec cape marron, qui donne cependant à celui qui le porte des super pouvoirs. Il faut bien faire avec... Chez lui, mortifié, Michele se regarde dans le miroir : quelle allure ! Ca ne va pas le faire... Mais il réalise tout à coup que son corps devient invisible...  

Mon avis : Entre le film Marvel traditionnel et clinquant, entre autres les X-Men, ou bien les Kick Ass adolescents et presque américains, Salvatores invente un nouveau type de super héros : l'ado normal ! Ou presque. Un petit jeunot tout mimi, tout blond, tout timide, qui se découvre des super pouvoirs, vit de super aventures, mais le tout sans ultra violence, sans effets spéciaux de la mort qui tue (le seul : l'invisibilité est par contre très bien fait !), sans pétarade. C'est frais et on se laisse emporter par l'histoire avec plaisir, et une certaine douceur. Ce petit gars-là n'est pas une bête de guerre, plutôt une sorte de Robin des Bois qui après avoir expliqué aux méchants sa façon de voir, mettra ses pouvoirs discrètement au service de la communauté. Discrètement. Voilà le truc. Du coup, j'ai vachement aimé !

Pas évident, hors Hollywood, de se lancer dans ce genre de film ! Imagine-t-on un super héros français ? Entre kitsch, humour à deux balles et grosses baisses de rythmes, ça ferait un flop (ils se sont contentés de produire en partie, on les en remercie). Les Italiens eux savent raconter les histoires, cultivent le réalisme depuis des décennies ; ils ont ça dans le sang et ça se retrouve dans ce gentil film qui aurait presque pu être tourné par Nanni Moretti, dans un soudain désir de renouer avec l'adolescence, de se tourner vers le cinéma hollywoodien qui - comme tout un chacun l'a fait rêver -, tout en lui gardant sa patte résolument italienne, sa verve et sa vieille âme d'Européen. On notera d'ailleurs que le titre est tout sauf flamboyant. Ce n'est pas Super Michele... tout au contraire, on insiste sur la modestie du garçon... On est plutôt du côté des Goonies (des gosses aventuriers confrontés à des choses hors du commun), avec une ambiance qui rappelle parfois Jeunet (le port, le bateau rouillé).

C'est également un portrait très touchant et sensible d'ado, en plein chaos, en pleine mutation, symbolisé par ce nouveau costume auquel il faut s'habituer, les pouvoirs qu'il confère mais qu'on utilise encore maladroitement.

De ce réalisateur, je vous conseille le magnifique L'été où j'ai grandi, qui met en scène là aussi un jeune garçon qui découvre le (vilain) monde des grands et leurs secrets.