Ses thèmes de prédilection reviennent bien sûr : entre autres une pornographie précieuse et douce, Louis XV et l’Alsace, le super ordinateur, l’amitié-Larizza, cet auteur pour lequel il professe un amour chaste et pur et plein. Ou encore la mort, toujours tapie au bord de ses lignes, les regrets Gallimard éternels… Il sait se surnommer lui-même joliment : le ji.pé.ka branleur d’arcs-en-ciel…
Nébuleux, Jean-Paul Klée est un buvard du quotidien, il est capable d’être inspiré aussi bien par ses souvenirs nombreux, sa ville Strasbourg, chevillée à ses tripes, les faits d’actualité du moment (le scooter du président), que ses voisins de café à tout moment d’écriture qui font irruption ras le texte, pas inopinément du tout… Et surtout du fait de son extraordinaire imagination où le merveilleux le dispute à la malice.
L’écume m’a
ébloui auréolé
d’un gloria sulfuré dont j’ai
si longuement rêvé !...
Un des aspects les plus attendrissants demeure cette surprise continuelle, permanente, infinie, de son propre flot d’écriture, ainsi ces deux vers :
Comment possible c’est (je ne le
sée) d’écrire TANT ?...
Le poète se fait historiographe de son œuvre. Jubilation, bonheur de ne jamais sentir tari ce miel couler au bout de son stylo. La poésie qui perle, suinte, ruisselle à toute heure du jour, transformant sa vie en enchantement permanent
& lentement l’écriture m’a
encerclé…
Jacques Morin
Jean-Paul Klée, cœur qui comme le mien ir / a décoloré parmi les fleurs, Les Vanneaux,
15 €.