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Lorsque le Brésil a obtenu en 2009 l'organisation des 31e Jeux olympiques, il faisait parti des étoiles montantes de l'économie mondiale, avec une croissance de 3,5% par an entre 2003 et 2013. Sept ans plus tard, la situation a changé. En récession depuis la fin de l'année 2014, le pays a vu son PIB reculer de 3,7% en 2015, et la tendance devrait se poursuivre en 2016. Ce ralentissement est en partie dû à la chute des cours des matières premières (pétrole, minerais, soja) dont dépend énormément l’économie brésilienne. Celle-ci constitue en effet plus de 50% de ses exportations. Par conséquent, les recettes de l’État fondent et les investissements baissent.
La crise s'est aggravée avec le durcissement de la politique monétaire entreprise par le gouvernement. Celle-ci plombe la consommation des ménages en raison du chômage qui touche 6,9% de la population active en 2015 contre 4,3% en 2014, et de l'accès difficile au crédit dont le taux directeur de 14,25% empêche 40% des Brésiliens d'honorer leurs dettes. A cela s'ajoute le coût déficitaire de l'organisation des J.O. qui s'élève à 11 milliards d'euros. D'après une études de la banque Goldman Sachs, cette somme investie est jugée insuffisante pour relancer l'économie du pays dans ce contexte récessif.
Pour la population également, ce grand rendez-vous sportif ne permettra pas de redresser l'économie du géant latino-américain de plus de 200 millions d’habitants, qui traverse en parallèle une grave crise politique.
Les JO de Rio s'ouvrent aussi dans un climat politique délétère, marqué par la destitution lancée contre Dilma Roussef pour maquillage des comptes publics, qui a été validée par le Sénat le jeudi 4 août 2016. La présidente brésilienne se dit quant à elle victime d'un "coup d’État parlementaire" orchestré par son vice-président Michel Temer, qui la remplacera jusqu'à la fin de son mandat en 2018. Également accusé par une partie des Brésiliens d’avoir fomenté un coup d’État dans son pays, Michel Temer a du mal à se faire reconnaître dans son nouveau rôle de président par intérim, et a été hué lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux au stade Maracana. Par ailleurs, c'est toute la classe politique brésilienne qui est discréditée aux yeux de la population, notamment à cause des affaires de corruption qui gangrènent le pays.
Malgré l'ambiance festive, le climat de tension qui règne au Brésil se fait ressentir. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Rio et les autorités brésiliennes redoutent une multiplication de révoltes en marge de l'événement, susceptibles de perturber le déroulement de la compétition, à l'image du parcours mouvementé de la flamme olympique ponctué d’incidents dès son arrivée à Rio, malgré la présence policière renforcée.
Les salaires non versés depuis plusieurs mois et les investissements colossaux dans la Coupe du monde de football 2014 puis dans ces JO de 2016 ont du mal à passer, alors que la pauvreté touche une grande partie de la population.
Le directeur général d’Amnesty Brésil, Atila Pereira Roque, s’est indigné contre l’organisation de l'évènement, qui selon lui a été accompagnée d’une "guerre contre les pauvres et contre les favelas". L’ONG dénonce les nombreuses expulsions opérées dans les quartiers défavorisés, notamment pour construire des stades.
Selon un récent sondage, 63% des Brésiliens pensent que l'organisation des JO va accroître la récession que subit leur pays. Mais les cariocas sont partagés entre l'envie de fêter ces Jeux au rythme de la samba ou profiter de l’événement pour crier leur colère. Les autorités espèrent, quant à elles, offrir au pays une parenthèse durant laquelle les premiers JO organisés en Amérique du sud feront oublier un temps les problèmes qui s’y accumulent.