Je parle tellement de ta soeur ici et ailleurs… Qu’on pourrait avoir la fausse impression que tu existes moins pour nous. Que tu es moins importante et intéressante. C’est tellement faux, mais je suppose que c’est normal sur un blog de maman, qui parle beaucoup de bébé, que ta soeur prenne un peu plus de place. C’est parfois le reflet de la réalité, c’est vrai qu’elle me prend beaucoup de temps et d’énergie, là où tu avais tout cela pour toi avant.
Je ne sais pas à quel point tu en souffres. En fait, tu ne parais pas en souffrir tellement, au premier abord. C’est vrai que tu t’es très bien ajustée, adaptée à tout cela. A ce bébé qui hurle, qui pleure beaucoup, qui te réveille la nuit, puis qui nous rend gaga et vole un peu de l’attention de toute la famille, ce bébé qui veut jouer avec toi même quand tu ne veux pas toi, cette petite fille qui fait beaucoup de bruit et pleure toujours beaucoup, quand toi tu aimes la tranquilité et le silence.
Mais je te connais. Tu es sensible, réservée, tu gardes beaucoup de choses en toi. Tu es nerveuse, aussi, ça tu le tiens de moi (désolée !) mais le reste, ce côté « je garde tout pour moi » que tu as un peu, c’est tout ton papa. Heureusement, tu sais aussi t’exprimer sur tes émotions, mieux que nous même. Il suffit juste de t’écouter, de tendre l’oreille, de prendre le temps quand tu veux t’ouvrir un peu…
J’avoue que ce n’est pas toujours facile. On est tellement absorbés par ta soeur, on l’a été beaucoup par ses soucis de santé, mais maintenant on pourrait le faire d’avantage. Tu nous as devancé en nouant avec elle une relation très riche et très complice, mais aussi en apprenant à nous faire comprendre qu’il est temps de s’occuper un peu de toi, en communiquant de plus en plus calmement (bon, ok, pas toujours, mais tu n’as même pas 5 ans !) Depuis quelques temps, tu es redevenue ma petite fille câline. Tu demandes des câlins très souvent, des bisous, tu nous dis des je t’aime à foison. Moi qui avais un peu perdu cette fusion avec mon premier bébé, j’apprends à découvrir ma première fille toute câline et de plus en plus à l’aise avec ce qu’elle ressent.
Tu profites souvent de ces moments de douceur et de complicité pour te confier. « Tu sais maman… » Tu utilises le fameux « Quand tu dis ça, ça me fait… » alors que je pensais me planter trop souvent avec toi question bienveillance et écoute. Tu comprends tellement plus que ce qu’on croit, et surtout tu retiens tout, tu absorbes beaucoup de nos émotions, de l’ambiance, de tout ce qui t’entoure. Tu es une enfant pleine d’empathie, ça te joue souvent des tours, mais c’est une belle qualité. Tu voudrais souvent nous guérir, nous soigner, mais ce n’est pas ton rôle.
J’admire la belle personne que tu deviens, autant au dehors qu’au dedans. Je te regarde souvent à la dérobée, quand tu es concentrée, que tu joues, que tu te reposes dans mes bras, quand on regarde un dessin animé, quand tu dors (tous les soirs avant de fermer ta porte, depuis bientôt 5 ans…)… Et je me dis : c’est nous qui avons fait ça. Emerveillée devant ce petit miracle qui a fait de toi une petite fille si unique, si jolie, si compréhensive et si sensible. Malgré tous ces moments de conflit, d’incompréhension, ces cris, ces larmes, tes crises et mes pétages de plomb.
Je suis si fière de toi. Mon premier bébé qui devient grand, qui pousse comme une fleur. Une super grande soeur.
Tu vois, ce n’est pas parce que je ne parle pas souvent de toi ici que je n’ai rien à dire. J’en aurais tellement ! Tu as une place unique, celle de la première, de l’ainée, celle qui m’a fait devenir maman, à travers vents et marées, celle avec qui j’ai grandi.
Je crois que je suis un peu comme toi, au final… Avec toi j’apprends à mieux ressentir et mieux parler. A mieux aimer aussi, même si avec toi, avec vous 3, c’est naturel.
Je t’aime ma Liloute. Jusqu’à mille coeurs.