A Hollywood, le premier janvier, les ossements vieux de plus de vingt ans sont déterrés par un chien : ceux d’un enfant qui portent les traces de très nombreuses et anciennes fractures, dont la dernière lui fut fatale. Qui a pu torturer ainsi un petit garçon avant de l’enterrer grossièrement sous les aiguilles de pin, dans un endroit difficilement accessible ? L’inspecteur Harry Bosch va s’efforcer, méticuleusement, de remonter la piste … Mais rien ne se passe comme prévu. Des fuites dans la Presse conduisent un riverain – dont on apprend qu’il eut maille à partir avec la justice pour une agression de mineur - au suicide, et une nouvelle fois, Bosch a les « Affaires Internes » sur le dos … Il fait aussi, à l’occasion de cette affaire, une belle rencontre avec une « bleue », nouvelle arrivée dans la police qu’il ne va pas tarder à séduire, malgré le règlement.
Au fait, si on suit pas à pas avec intérêt les différentes hypothèses qui mènent le plus souvent à des culs-de sac successifs, c’est l‘ambiance des équipes de policiers du L.A.P.D. qui passionne le lecteur. Les rivalités internes, les relations entre partenaires de patrouille, les solidarités et les coups fourrés, la lourdeur des procédures nécessaires non seulement à établir la vérité mais à étayer un dossier criminel que les avocats de la défense s’efforceront de dynamiter. Ici, c’est le temps qui constitue le pire ennemi. Vingt années ont passé : dans le quartier où l’on a découvert les ossements, presque tous les habitants ont changé. Cependant, une femme permet d’identifier la petite victime : il s’agit en effet de son jeune frère, Arthur, disparu en 1980, et ses multiples fractures pourraient avoir été causées par sa passion du skate board … ou par la violence de son père, acteur raté devenu alcoolique.
Le fin mot de cette tragédie est bien entendu donné à la toute fin de l’enquête, par recoupement d’une infinité de détails, l’analyse obstinée du dossier, la relecture des bandes d’enregistrement des témoins, grâce à l’intuition du principal acteur, Harry, l’ancien des tunnels du Viet-nam, qui fut lui aussi enfant orphelin placé en foyers d’accueil, comme l’un des protagonistes de l’histoire ... toujours aussi acharné, ombrageux, souvent solitaire et toujours dans la ligne de mire de sa hiérarchie.
Il faut reconnaître que les auteurs américains font de la belle ouvrage : on apprend à construire une histoire à l’université, on bâtit un scénario dont l’intérêt ne faiblit pas au cours des pages, on suit l’intrigue de rebondissements en rebondissements. Comme une série télévisée … qui bien entendu a été tournée, mais pas encore diffusée en France … Cependant, comme je me suis fait une image assez précise d’Harry Bosch, je ne souhaite pas la regarder, de peur de « casser » mes impressions de lecture. Je vais continuer la série de romans !
Wonderland avenue « City of Bones » (2002), polar de Michael Connelly, traduit de l’anglais par Robert Pépin, éditions du Seuil, collection « Points », 472 p., 8,10€