Robert Pinot est un simple flic, de nature empoté et pas très doué dans l’exercice de ses fonctions. Son petit train-train quotidien est bouleversé le jour où il interpelle Josyane, également surnommée Marylou, une voleuse rongée par son addiction à la drogue et sous l’emprise de Tony, son petit-ami dealer…
« – Ah, ce coup-ci, vous étiez à peine en retard.
– Si on arrive trop tôt c’est pas mieux, il ne s’est encore rien passé.
– Ah oui… Ce qu’il faudrait, c’est que vous tombiez toujours pile quoi, mais bon…
– Je te dis pas les bavures ! »
Bien que je sois assez friand de vieilles comédies françaises et qu’on m’en avait souvent parlé, je n’avais jamais eu l’occasion avant aujourd’hui de découvrir ce « Pinot simple flic ». Je ne savais pas trop ce que ça racontais mais l’affiche hommage à « Rambo » me faisait sourire et j’ai donc profité du fait que le film était disponible sur Canalplay pour me faire une petite séance.
Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis déçu car j’ai quand même passé un bon moment mais je suis quand même un peu frustré par ce scénario écrit par Gérard Jugnot, Christian Biegalski et Pierre Geller. Plusieurs passages sont savoureux, on a le droit à quelques répliques sympathiques et cette image d’une « vieille France » me fait sourire avec tous ses clichés qui vont avec mais je trouve néanmoins que l’ensemble manque de fun.
Je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus drôle. Je me suis amusé mais pas autant que je m’y attendais. C’est dommage surtout qu’il se dégage une certaine tendresse pour notre héros aussi maladroit que convaincu de faire les bons choix et d’être drôle. Pas foncièrement méchant, c’est juste l’image même du pauvre type que l’on a envie d’aimer malgré ses défauts.
Seul bémol, je ne suis pas très fan de la relation que l’on instaure par moment entre Pinot et Josyane. Si le côté « paternel » m’embête pas, c’est lorsqu’il y a une recherche d’un amour différent dans le regard de notre flic que ça me perturbe. L’époque était aussi différente de celle de nos jours mais c’est vrai que je serais curieux de savoir comment cet aspect de la personnalité de Pinot a été perçu lors de sa sortie en salles et/ou si je suis le seul que ça à réellement dérangé. J’aurais aussi trouvé intéressant que l’on creuse le pourquoi de cette « haine du flic » plutôt que de s’en servir à tout bout de champ sans trop de justifications.
Hormis ça, le casting fait le boulot. On est dans des interprétations assez classiques pour ce genre de production. Tout est dans la surenchère et le cabotinage mais ça ne m’embête pas plus que ça, bien au contraire, je trouve même que c’est ce qui fait le charme de ce genre de programme. Lorsque l’on se met face à ce genre de films, on sait de toute façon à quoi s’attendre.
Gérard Jugnot (Robert Pinot) se fait plaisir en s’offrant le rôle du héros. Son jeu est à l’image de son scénario. Maladroit et imparfait mais avec une pointe de tendresse qui fait que l’on s’y attache malgré tout. D’une manière générale, c’est lorsqu’il sera dans l’excès que ça va le plus m’amuser, l’acteur étant un peu moins percutant lorsqu’il tente d’être un peu plus « sérieux » dans ses sentiments.
Le reste du casting se retrouve davantage en retrait à l’exception de Fanny Bastien (Josyane Krawczyk, dite Marylou) qui tire un peu son épingle du jeu surtout grâce à sa fraîcheur plutôt que par son jeu. J’ai moins apprécié la façon de jouer le stéréotype de Patrick Fierry (Antoine Lebel, dit Tony), beaucoup trop caricatural pour le coup.
Notons également la présence de figurant de luxe comme Jean-Marie Poiré (L’homme au walkman) ou encore Sim (Vénus) pour ne citer qu’eux tandis que pour les rôles secondaires, j’ai bien aimé Jean-Claude Brialy (Morey, le principal) et encore plus Pierre Mondy (Rochu) qui excelle vraiment dans ce registre. Pour ses deux derniers, je n’aurais pas été contre de les voir un peu plus d’ailleurs.
Pour son premier passage derrière la caméra, Gérard Jugnot ne prend pas beaucoup de risques en tout cas. Sa mise en scène est assez classique et c’est peut-être aussi pour cela que le film manque de folie. A l’exception du plan final avec mise en abyme de lui dans le fourgon puis lui derrière la caméra qui ne sert pas à grand-chose, il n’y a rien à se mettre sous la dent.
Ce n’est pas détestable, c’est juste anecdotique avec un montage assez léger (malgré une durée de film courte bien pensée) et parfois même un petit côté « mou » lorsque l’on veut mettre un peu d’action. Si on est bien posé pour les gags, la scène de course poursuite sur les toits manque par exemple cruellement de dynamisme. La bande originale composée par Louis Chédid est sinon simple mais efficace avec un thème phare qui m’a fait sourire.
Pour résumer, « Pinot simple flic » n’est pas la grosse claque comique à laquelle je m’attendais. Bourrés d’imperfections et de maladresse, le film doit beaucoup à son personnage pour qui j’ai éprouvé une certaine tendresse même si des petites choses m’ont gêné. Le long métrage doit beaucoup aussi au charme de l’époque que ce genre de films possède à mes yeux. Maintenant, dans son ensemble, j’ai quand même bien aimé et je pourrais le revoir du coin de l’œil mais j’en espérais quand même clairement davantage.