Les personnes qui vivent avec des maux de dos chroniques sont plus susceptibles de prendre des médicaments analgésiques, de type opioïdes, notamment mais aussi de consommer toutes sortes de drogues illicites, révèle cette étude de l’Université du Minnesota (Minneapolis). Cannabis, cocaïne, héroïne et méthamphétamine apparaissent ainsi fréquemment, chez ce groupe de patients, combinés aux opioïdes, avec un risque encore plus élevé de dépendance et d’overdose. Une conclusion possible, des médicaments largement inefficaces pour gérer les douleurs lombalgiques.
De plus, les patients lombalgiques qui ont des antécédents d’usage de drogues illicites sont également plus susceptibles d’avoir une prescription valide d’analgésique opioïde. Prenant en compte la hausse importante de prescription et consommation d’opioïdes, le risque associé élevé de décès par overdose, les chercheurs suggèrent des décisions thérapeutiques plus rigoureuses chez les patients souffrant de douleurs dorsales.
Leur étude a analysé les données de plus de 5.000 adultes, âgés de 20 à 69 ans, participant à la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey).
– 13% des participants présentaient les signes cliniques d’une lombalgie chronique depuis au moins 3 mois,
· L’incidence de la lombalgie s’avère associée à des taux plus élevés de consommation de drogues illicites : 49% des participants avec lombalgie déclarent avoir déjà consommé des drogues illicites, vs 43% des participants exempts de lombalgie,
· 14% des participants avec lombalgie déclarent consommer actuellement des drogues illicites (au cours des 30 derniers jours) vs 9% des participants exempts de lombalgie,
· Parmi les drogues consommées :
– Le cannabis : 46,5% vs 42%,
– La cocaïne : 22% vs 14%,
– la méthamphétamine : 9% vs 5%
– l’héroïne : 5% vs 2%.
· Après ajustement pour les facteurs de confusion possibles, les participants avec lombalgie s’avères 2 fois plus susceptibles de » prendre » de la méthamphétamine et de l’héroïne.
Le lien entre drogues illicites et opioïdes chez les patients lombalgiques : les sujets lombalgiques qui ont déjà consommé des drogues illicites sont plus susceptibles d’avoir une prescription en cours d’analgésiques opioïdes : soit 22,5% des sujets lombalgiques ayant déjà consommé des drogues illicites vs 15% des sujets lombalgiques n’ayant jamais consommé de drogues illicites.
Le risque d’overdose : les opioïdes sur prescription sont fréquemment utilisés par les patients souffrant de lombalgie, ce qui soulève déjà des inquiétudes sur l’abus, le risque de dépendance et d’overdose accidentelle. De précédentes études ont également montré que les personnes ayant des antécédents d’usage de drogues illicites sont plus susceptibles d’abuser des opioïdes. Ces nouvelles données désignent donc une cible à risque élevés, les patients lombalgiques.
Les auteurs font l’hypothèse que ce multi-usage drogues et opioïdes peut évoquer une certaine incapacité à bien gérer la douleur liée aux maux de dos chroniques. Les analgésiques sont-ils vraiment efficaces ? Enfin, les auteurs ajoutent qu’en pratique clinique, il pourrait être utile de questionner et de prendre en compte, lors de la prescription d’analgésiques, l’histoire de l’usage de drogues du patient, sous peine de multirisque d’overdose.
Source: Spine May 19, 2016 doi: 10.1097/BRS.0000000000001702 Illicit Substance Use in US Adults With Chronic Low Back Pain
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