Je vous écris du bout du monde.
Je vous écris d’un pays qui n’existe pas, qui n’a jamais existé.
Ici, c’est la nature à l’état pur. Il n’y a pas de routes, à peine des sentiers, qui serpentent à travers la forêt profonde et que l’on suit comme on peut, malgré les moustiques et la chaleur accablante.
Quand on a bien marché, pendant six ou sept jours, on débouche au-dessus d’une grande falaise et alors devant vous s’étend la mer, la mer immense, à l’infini.
En contrebas, il y a des rochers qui s’avancent dans l’eau et qui finissent par disparaître au milieu de l’écume banche et rageuse.
Au-delà, il n’y a plus rien. Rien que l’océan, dont on entend la rumeur éternelle, seule musique de cette terre inhabitée.
Parfois, un goéland vient vous frôler, lançant un cri strident. On se souvient alors qu’on est seul, incroyablement seul. Personne autour de vous, rien que l’immense forêt dans votre dos et devant vous cette masse liquide qui s’agite et qui vous attend.
Je vous écris du bout du monde, d’un endroit au-delà duquel il n’y a plus rien. Rien que la falaise abrupte et le remous des vagues qui n’en finissent plus de se briser.