​Dignité et fraternité

Publié le 12 août 2016 par Particommuniste34200

Par Michel Guilloux

L’éditorial de Michel Guilloux : « Ainsi Nicolas Sarkozy sent « la République suffoquer ». Qu’il retire les mains du cou de Marianne. »

Nul ne demande au battu de 2012 de souiller en plus la mémoire des morts. En plus du deuil, les familles des victimes de la promenade des Anglais doivent-elles se voir infliger l’insulte, et les croyants et amis du prêtre Jacques Hamel, la prise d’otages cultuelle ? La séparation des religions et de l’État pour ces gens-là ne vaut que pour une. À force de courir après son extrême, ils en reviennent à une conception qui sent de plus en plus la naphtaline rancie du lefebvrisme.

Le fric, le sabre et le goupillon, en somme. Voilà où tombe un prétendant au retour élyséen qui a apporté sa pierre en son temps à la division du pays, à l’insécurité sociale généralisée et à l’affaiblissement du rôle de la France dans le monde. Il est un mot que l’homme emploie tel un gargarisme, tant ce ne sont, après tout, que les autres qui en paient le prix : guerre. En porter la logique à l’étranger ne suffit pas, il faudrait verser dans la guerre « à l’intérieur », quitte à revoir sur plusieurs générations les « origines » de nos concitoyens. Depuis la défaite de Pétain, une telle logique n’avait plus droit de cité en France. Comme quoi, ainsi que l’extrême droite, les courants les plus colonialistes, les plus collaborationnistes, les plus affairistes de la bourgeoisie nationale ont dû en rabattre durant des décennies. La droite « décomplexée » montre son vrai visage : le leur. La boîte de Pandore du débat, heureusement avorté, sur la « déchéance de nationalité » est, décidément, sans fond.

Cette logique de guerre, proprement de guerre civile, transformerait la République en terre brûlée. Aux électeurs de droite de faire le choix de leur champion en novembre. Aux citoyens qui se reconnaissent dans l’ambition progressiste de refuser la confiscation du mot « gauche », pour construire ensemble un avenir conforme à ce qu’est la France. Dignité et fraternité sont dressées face à la terreur, au sang et à leur exploitation sordide. Tous, ensemble, continuons à entretenir cette flamme-là.