En une belle variation sur la classique note de lecture, Didier Cahen a permis à Poezibao de publier cette lettre qu’il a adressée récemment à Anne Malaprade à propos de son livre Notre corps qui êtes en mots, publié chez Isabelle Sauvage.
"(…) lecture de ton livre et son étrange beauté. J’ai rarement vu (oui tes mots donnent à voir, délivrent les yeux nécessaires pour suivre les mots en une lecture osée, particulière, nerveuse et prometteuse) oui rarement vu autant de douceur et de douleur mêlées. Les mots portent, parlent, secouent parce qu’ils s’é-crivent (Nancy ?) en une sorte d’augmentation de la voix qui parvient à « crier » mais sans jamais élever le ton. On est emmené jusqu’à un point de non-retour mais toujours accompagné, jamais lâché dans la nature. Autrement dit, la multiplicité des scènes configure le lieu absent, innomé des retrouvailles avec soi-même… mais pour chacun de nous. Beauté de cette « fille grammaticale », gravité du presque et du peut-être autrement conjugués, intensité de ces bribes du passé et de ces morceaux de l’à-venir enlacés pour une nième prière… : où le réel surveille la déhiscence du ciel. (…) Un livre qui demande que l’on parle aussi à la première personne, qu’on le déshabite/déshabille au plus vite pour laisser faire le long chemin des mots qui ainsi continuent à flotter, porter, résilier, dessiner les corps et les cœurs désirés/rejetés. Sujets restitués, sujet désassemblé et diablement (re)constitué… , voilà qui n’est pas rien !
Merci, oui mille fois mercis pour ce récit de rêve et cette très belle et forte fiction de soi, de toi (…)"
Anne Malaprade, Notre corps qui êtes en mots, éditions Isabelle Sauvage, 2016, 104 p., 16 €
Didier Cahen