Après une première trilogie façonnée par Tony Gilroy, et dirigée par Doug Liman (pour le premier volet) et Paul Greengrass (pour les deux suivant), puis un épisode spin-off réalisé en 2012 par Tony Gilroy, c’est au tour de Paul Greengrass de ramener Jason Bourne sur le devant de la scène. Pour l’occasion, Matt Damon reprend du service dans la peau du personnage imaginé par l’écrivain Robert Ludlum. Dans ce nouvel opus, Jason Bourne est obligé de refaire surface quand il découvre que le gouvernement développe un nouveau programme d’agents surentrainés. Sa quête frénétique va l’emmener d’Athènes à Las Vegas, en passant par Berlin.
Si les retrouvailles entre Paul Greengrass et Matt Damon suscitaient, fort logiquement, certaines attentes, le résultat final s’avère malheureusement assez décevant. Non pas car le film est mauvais, il est globalement plutôt efficace, mais parce qu’il n’apporte aucun souffle nouveau à la franchise. Pire, il reproduit même à la lettre le schéma narratif du troisième volet (La Vengeance dans la Peau). Ainsi, le long-métrage démarre une nouvelle fois par un individu mettant la main sur des infos compromettantes pour la CIA et cherchant à entrer en contact avec Bourne (Julia Stiles à la place de Paddy Considine). A la suite de quoi un tueur est mobilisé pour éliminer la menace (Vincent Cassel à la place d’Edgar Ramirez). Au sein de la CIA, le directeur tire les ficelles pour éliminer toutes traces de malversation (Tommy Lee Jones à la place de David Strathairn) tandis que l’analyste offre son aide à Bourne (Alicia Vikander à la place de Joan Allen). Bien sûr, l’ensemble est toujours saupoudré de flashbacks visant à dévoiler de nouvelles informations sur le passé du personnage. Contrairement aux films précédents, celles-ci se révèlent toutefois assez opportunistes et ne présentent en fin de compte qu’un intérêt limité dans l’histoire.
Finalement, la seule trame narrative vraiment nouvelle du récit réside dans le personnage de Riz Ahmed, qui interprète un jeune créateur qui a fait fortune avec un réseau social. Grâce à lui, le scénario parvient à traiter de préoccupations contemporaines telles que la protection des données ou encore la toute puissance des agences gouvernementales. Pour autant, l’intrigue développée autour de lui est un peu laborieuse et paraît, bien souvent, n’être exploitée que pour mettre en place le climax final. Côté casting, le constat est plus réjouissant puisqu’à part Tommy Lee Jones, qui semble continuellement proposer le même genre de jeu, le reste des acteurs se montre convaincant. En particulier Matt Damon, toujours juste en héros mutique, et Alicia Vikander, parfaite en spécialiste de cyberespionnage aux motivations ambigües. Enfin, la mise en scène de Greengrass est toujours aussi nerveuse même si, avec les années, le concept commence inévitablement à s’essouffler. En effet, si le style visuel convient à merveille à un thriller haletant comme Jason Bourne, le manque de lisibilité de certaines scènes d’action est parfois beaucoup trop prononcé que pour encore prendre du plaisir.
En conclusion, à l’instar des autres films de la saga, Jason Bourne se révèle donc être un thriller rythmé qui se laisse suivre sans déplaisir. Dommage cependant que son scénario, extrêmement classique, ne fasse que reproduire paresseusement le schéma narratif du troisième volet car il ne provoque, du coup, aucun sentiment de surprise. Efficace mais sans saveur !