Je joue parfois à m’atteindre.
Je fais avec celui que je fus
et avec celui que je serai
la course de celui que je suis.
Parfois je joue à me dépasser.
Je fais alors peut-être
la course de celui que je ne suis pas.
Mais il est une autre course
où je jouerai à me faire dépasser.
Celle-là sera la véritable course.
*
Alguna vez juego a alcanzarme.
Corro con el que fui
y con el que seré
la carrera del que soy.
Y alguna vez juego a pasarme.
Corro entonces quizá
la carrera del que no soy.
Pero hay todavía otra carrera
en la que jugaré a hacerme pasar.
Y ésa será la carrera verdadera.
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Roberto Juarroz (1925-1995) – Troisième poésie verticale (Tercera Poesía Vertical, 1965) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Roger Munier