L’âge des affaires

Par Magalie Gélinas

Lorsque j’ai décidé d’ouvrir mon restaurant en 2015, je ne réalisais pas l’ampleur de ce que j’allais accomplir. À 19 ans, je m’engageais dans la grande vie d’adulte un peu comme si c’était une chose anodine. Il faut croire que j’étais prête à faire ce grand pas qui allait créer un énorme changement dans ma vie, moi qui venait à peine d’obtenir mon DEC en sciences humaines, un domaine complètement éloigné de l’administration et de la gestion.

L’ouverture du restaurant allait beaucoup plus loin que le simple commencement ma vie d’adulte ; elle a complètement changé ma vie en général. Le mois précédant le grand jour, j’ai perdu mon copain (qui ne comprenait pas mon nouveau beat de vie), j’ai plusieurs [amis] qui jugeaient mon choix de ne pas aller à l’université et j’ai surtout réalisé que j’avais désormais plusieurs responsabilités à assumer.

Malgré tous ces changements, je savais très bien au fond de moi que c’était la chose à faire. Même si le risque était grand, je savais très bien qu’une opportunité comme celle-ci ne se présente pas à tous les jours.

J’ai choisi mes priorités. Même si mon entourage ne comprenait pas nécessairement mes choix, j’ai choisi de bâtir mon avenir un peu plus tôt que la moyenne. Pendant un bon 6 mois, il s’est creusé un grand fossé entre mes amies aux études et moi sur le marché du travail. En plus d’avoir un rythme de vie bien différent, j’avais désormais beaucoup plus de responsabilités. Je travaillais beaucoup et je devais souvent rester chez moi car j’étais trop épuisée de mes journées. Évidemment, tout cela n’était que temporaire. Je savais que c’était un «coup à donner» et que je pourrais en profiter par la suite. Ainsi, après quelques mois, j’ai finalement réussi à adapter ma vie sociale à ma nouvelle vie.

Il faut se faire confiance. À 19 ans, il semblait inconcevable pour certaines personnes de mon entourage que je «lâche» l’école. En fait, je n’ai pas «lâché», mais c’est le mot le plus courant qu’on utilise lorsqu’on me parle de mes choix d’avoir arrêter mes études après le CÉGEP. Pourtant, j’ai simplement décidé d’aller à l’école de la vie au lieu d’une université afin d’être reconnue par un papier qu’on appelle communément «diplôme». J’ai décidé d’aller acquérir de l’expérience parce que j’avais confiance que j’allais réussir. Je savais pertinemment que j’avais les connaissances, les aptitudes et les alliés nécessaires à ma réussite. Dès l’âge de 12 ans, je travaillais dans les commerces de mes parents. J’ai appris très jeune à comprendre le service à la clientèle et à m’adapter lors de problématique. J’avais aussi assez de bagage pour faire la gestion en général. Sans cette confiance, je ne m’aurais jamais lancée en affaire aussi jeune.

Il n’y a pas d’âge pour se lancer en affaires. Il s’agit simplement d’être prêt à sauter dans cette nouvelle vie, d’être bien préparée et de se faire confiance.