Beauvais est une commune de l'Oise, région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Avec ses 55.000 habitants, Beauvais a la population la plus importante du département.
La cathédrale
Les premières traces de fréquentation du site de Beauvais datent de 65.000 avant notre ère. Camp fortifié par les Romains, Beauvais prend, au Ier siècle, le nom de Caesaromagus (le marché de César).
Devenue Bellovacum, la ville gallo-romaine est détruite par les invasions barbares vers 275. Elle est reconstruite au IVe siècle et dotée de fortifications.
Dès le début du Moyen-Age, l'autorité des évêques de Beauvais grandit en même temps que croît la nouvelle foi. L'évêché de Beauvais est considéré comme un poste d'autant plus prestigieux qu'il bénéficie de revenus considérables. Beauvais est à un carrefour de routes commerciales et, qui plus est, l'évêque cumule les pouvoirs religieux et politiques (on le nomme évêque-comte). Ce titre fait de lui le vrai maître de la cité, il fait partie des pairs de France, personnes les plus importantes dans la hiérarchie médiévale avec les deux autres évêques-comtes, les trois évêques-ducs et les six ducs des pairies de France, juste en dessous du roi.
La commune se crée très tôt, au XIe siècle. Elle devient prospère et acquiert progressivement des droits pour promouvoir son industrie. Pragmatique, elle prend régulièrement le parti du roi de France contre l'évêque et s'appuie sur le textile pour asseoir sa puissance financière. À cette époque, le drap de Beauvais est exporté jusqu'en Orient et les ateliers se multiplient. Faisant partie d'une Ligue comptant quinze villes, Beauvais en est le troisième pôle par ordre d'importance. Les artisans travaillent toutes sortes de laine, y compris les plus fines, importées de Londres. Les corporations s'enrichissent de corps de métiers de plus en plus diversifiés : teinturiers, finisseurs, tondeurs, apprêteurs… Un groupe de 80 familles régente les ouvriers. La croissance économique de Beauvais est alors importante : c’est, dès cette époque, une ville riche proche de son âge d’or. Les maires de cette période sont la plupart du temps issus du cercle étroit de ces négociants.
Musée départemental de l'Oise, ancien palais épiscopal
De cette époque, date la Basse-Oeuvre, l'ancienne cathédrale carolingienne. Grâce à des fouilles, on a pu dater son édification de la deuxième moitié du Xe siècle. La Basse-Œuvre comportait diverses annexes contemporaines de l'église. Des fresques devaient animer ses murs. On en a retrouvé divers fragments, dont une tête d'homme, d'une qualité remarquable. C'est l'un des rares témoins en France de l'architecture carolingienne encore conservé.
À la même époque, apparaissent les ordres mendiants dont les couvents s'élèvent à l'est de la ville, en plein quartier ouvrier. C'est vers cette époque que datent les maladreries Saint-Lazare et Saint-Antoine. Au départ dépourvus de biens, ces ordres s'enrichissent progressivement et jouent un rôle non négligeable dans la cité.
À l'essor économique que connaît Beauvais durant le XIIIe siècle et le début du XIVe siècle, correspond une vie artistique intense. Les chantiers se multiplient. L'église Saint-Etienne, située près de la grand-place, est achevée aux alentours de 1220, et peu après, s'ouvre le chantier de la cathédrale gothique. En 1225, l'évêque-comte Milon de Nanteuil lance le projet de ce qui deviendra le monument emblématique de Beauvais : la cathédrale Saint-Pierre. Splendeur gothique, elle surpasse de ses 48 mètres tout ce qui avait été fait auparavant. En 1284, les parties hautes des travées droites du chœur s'effondrent. La reconstruction dure jusqu'au milieu du XIVe siècle, mais les travaux s'arrêtent pendant la guerre de Cent Ans. Le transept, chef-d'œuvre de l'architecture flamboyante, est réalisé au XVIe siècle. Une immense flèche de plus de 150 m de hauteur est érigée par la suite à la croisée du transept, au lieu de construire la nef, qui permettrait de consolider le monument. A peine terminée, la flèche s'écroule en 1573. La nef ne s'est jamais réalisée, faute de fonds. L'église mesure 72,50 m de longueur pour une hauteur de voûte extraordinaire de près de 48,50 m, les plus hautes de l'architecture gothique en Europe. Même inachevé, l'édifice reste un des hauts lieux du patrimoine religieux.
La cathédrale est renommée au Moyen Âge pour la riche bibliothèque du chapitre. Au XIIe siècle, Chrétien de Troyes déclare au début de son Cligès qu'il en a trouvé l'histoire dans un livre de la bibliothèque de Beauvais. Au XVIe siècle, la bibliothèque reçoit la visite de plusieurs érudits célèbres (Jean du Tillet, Jacques Amyot, Antoine Loysel), mais du désordre et de la négligence s'introduisent dans la gestion, et les prêts non suivis de restitution se multiplient. À la Révolution, aucun inventaire n'est semble-t-il dressé. D'après Henri Omont, en 1916, une soixantaine de manuscrits seulement provenant de cette bibliothèque sont identifiés.
En 1472, Charles le Téméraire, fait, sans succès, le siège de Beauvais. La conduite de Jeanne Hachette pendant ce siège est restée célèbre.
Au XVIIe siècle, sous les épiscopats d'Augustin Potier et de son neveu et successeur Nicolas Choart de Buzenval, Beauvais est un foyer d'étude et de piété. En 1664, une manufacture royale de tapisserie est installée à Beauvais. Plus de la moitié des habitants travaillent alors dans le textile. Ses productions sont célèbres dans toute l'Europe et d'autres artisans bénéficient de cette renommée. La Manufacture atteint son apogée au XVIIIe siècle. Bientôt, apparaît sur le marché « l'indienne », une cotonnade imprimée qui va rapidement fournir du travail à des centaines d'ouvriers sans toutefois détrôner le commerce de la laine.
À la fin du XVIIIe siècle, débute le déclin de cette ville si active. Beauvais reste fidèle au textile alors que s'accélère partout ailleurs la révolution industrielle. En se concentrant sur la laine, la brosserie, l'alimentation et la tabletterie, l'industrie locale passe à côté de marchés importants. Le chemin de fer s'implante ailleurs et ne s'arrête pas. Au début du Second Empire, Beauvais en est encore à l'ère de la diligence alors que le rail atteint Rouen, Le Havre, Lille, Saint-Quentin. Ce n'est qu'en 1876 que la ligne directe vers la capitale s'ouvre. C'est aussi une période de mutations architecturales : la ville s'ouvre avec l'aménagement des boulevards à l'emplacement de l'ancien rempart médiéval. D'importants édifices publics sont élevés : l'hôtel-dieu, le lycée Félix-Faure, la gare. Au faubourg Saint-Jacques, les abattoirs sont construits et bénéficient d'une architecture industrielle soignée. Sur la place principale est inaugurée en 1851 par le prince Louis Napoléon Bonaparte, la statue de Jeanne Hachette. L'horloge astronomique (1865-1868) de la cathédrale cache sous son meuble romano-byzantin de12 mètres de haut, un mécanisme très complet.
L'horloge astronomique
Alors que le mouvement d'urbanisation se poursuit hors de l'ancien centre, un nouvel élément est introduit dans l'architecture : la céramique dont le Beauvaisis est producteur. La façade de la manufacture Gréber est un très bel exemple de cette production. Maisons de style anglais, villas d'imitation balnéaire, façades Art déco ponctuent notamment les boulevards Saint-André et l'avenue Victor-Hugo.
En mars 1918, l'hôtel de ville devient le QG du général Foch, c'est là qu'il se voit confier le commandement suprême des armées alliées, par les gouvernements français, anglais et américain. Vers la fin de la guerre, du mois d'avril au mois de juin, la ville est bombardée à huit reprises, ce qui occasionne la destruction de 80 maisons.
Dans l'entre-deux-guerres, Beauvais continue de vivre de ses activités du passé, mais la crise économique précipite le déclin de la cité, et plus largement du Beauvaisis. Début juin 1940, la ville est attaquée par la Luftwaffe, dont les bombes allument un gigantesque incendie. Les deux tiers de la ville sont en flammes, la moitié des maisons détruites. La ville martyre, qui a perdu presque tous les vestiges de son passé, s'enfonce dans la misère et les privations.
Il faut reconstruire sur les 43 hectares de déblais, quadrillés par des rues désertes. Des années sont nécessaires pour réussir ce pari, pour bâtir de nouveaux logements, réédifier les bâtiments publics, les hôpitaux, les établissements d'enseignement. Le plan de reconstruction s'efforce de respecter l'équilibre des anciens quartiers, avec des rues plus larges, plus régulières.
L'Hôtel de Ville
Mais il faut attendre les années 1960 pour que la reconstruction s'achève véritablement, pour que de nouveaux quartiers soient édifiés et pour que de nouvelles industries redonnent du dynamisme à la ville.
En 1974 est inauguré le Palais de justice et, en 1976, s'ouvre la Galerie nationale de la Tapisserie. Les anciens abattoirs de la ville accueillent la manufacture de la tapisserie. Au cours des années quatre-vingt-dix, l'ancien bureau des Pauvres est aménagé en centre culturel et l'antenne universitaire ouvre ses portes.
D'après Wikipédia