Il y a des jeux que l’on peut difficilement qualifier ou classer. Plus proche de l’expérience interactive que du jeu vidéo tel qu’on le définit habituellement, ABZÛ nous emmène à la découverte d’un monde sous-marin plein de surprises et de contemplation.
Ceux d’entre vous qui ont déjà plongé dans les univers de Matt Nava savent très bien à quoi s’attendre. Directeur artistique de Flower et Journey, Nava, désormais au sein de l’équipe de Giant Squid, est un fan de dinosaures et d’histoire.
Après avoir travaillé sur des mondes oniriques et désertiques, du moins pour Journey, Nava avait besoin de créer quelque chose à l’opposé des environnements magnifiques, mais sans la moindre trace de vie de ses précédents titres, un irrépressible besoin de créer un monde plus en mouvement, un monde plus vivant. Évidemment, c’est donc sous l’eau qu’il a décidé d’emmener les joueurs cette fois-ci avec ABZÛ, un titre où exploration et contemplation sont les maîtres mots.
En collaboration avec Brian Balamut, ingénieur en chef, ils décident de ne pas axer le jeu sur les mécaniques classiques des jeux de plongée misant le plus souvent sur les réserves d’air et l’amélioration de votre matériel. Ici, on se promène, on découvre, on cherche sans trop savoir quoi, au début en tous cas, et surtout on s’extasie. On nous offre un univers rempli de toutes sortes de poissons et de créatures marines toutes plus impressionnantes les unes que les autres, que ce soit par leur nombre ou leur taille.
Scénario minimaliste
On ne vous explique pas grand-chose dans les premières minutes de jeu. À vous de découvrir tout ce que vous pourrez y faire.
Que ceux qui ont peur de s’ennuyer se rassurent : ils en n’auront pas le temps! En effet, avantage pour certains, défaut pour d’autres, le jeu ne dure qu’environ deux heures si l’on n’est pas en quête de toutes les récompenses disponibles. Il faut dire que, comme dans la plupart des titres de Matt Nava, on ne vous explique pas grand-chose hormis les contrôles de base dans les premières minutes de jeu. À part les touches nécessaires pour avancer et pour interagir avec l’environnement, à vous de découvrir tout ce que vous pourrez y faire.
En plus de dénicher de petits «robots» qui pourront vous assister dans certaines tâches durant votre progression, vous devrez activer des nids ou «générateurs» de certaines espèces de poissons et autres mammifères marins afin d’augmenter la variété de l’écosystème dans lequel vous évoluez.
Dans le rôle d’une sorte de gardien, vous nagerez donc dans des environnements très variés que vous devrez libérer de leur palette monochrome lors de la visite de tours sous-marines afin de leur rendre leurs couleurs. Une fois votre tâche accomplie, trouver la statue requise, installez-y vous et admirez toutes les espèces de poissons qui vous entourent.
Jouabilité avec un petit air de déjà vu
Ceux qui connaissent Flower et Journey ne seront pas du tout dépaysés et retrouveront rapidement leurs marques. C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire au jeu : sa similitude de livraison avec les précédents jeux du créateur. Même traitement graphique, même plans de caméra scriptés, mêmes boucles de jouabilité et mécanismes de progression sont autant de références qui pourront en exaspérer certains.
Cependant, le jeu demeure très agréable à jouer et l’on pourra alléguer que tous les jeux de tir se ressemblent au même titre que tous les jeux de course. Matt Nava a inventé un type de jeu, le jeu de contemplation.
Pas de course contre la montre, pas d’ennemis qui vous pourchassent ou que vous devez éliminer d’office pour progresser. Ici, on mise sur le calme et la sérénité.
Design et ambiance : c’est beau… et calme
Lors d’une entrevue avec Gamasutra, Brian Balamut a avoué qu’il aurait du mal à travailler sur des titres violents. Sachant que le temps moyen de développement de ce genre de jeux AAA est de plus ou moins 4 ans, il a admis qu’il aurait de la difficulté à passer tout ce temps à travailler sur des armes et leurs conséquences sanguinolentes.
On le comprend! Malgré le succès de bien des titres mettant en scène des situations violentes, rien n’empêche de faire un peu de place à l’art et à la tendresse!
De grands espaces ouverts qui portent à l’exploration, des décors qui surfent sur des palettes de couleurs différentes, des poissons par milliers, voilà ce qui vous attend dans le monde d’en dessous.
Bref, des ingrédients plutôt rares dans la majorité des jeux d’aujourd’hui. Niveau ambiance c’est la même chose, le tout étant rythmé par une musique portant facilement à la méditation. Une action que le joueur peut d’ailleurs réaliser dans le jeu, lui permettant de mieux observer l’écosystème de son environnement. Le travail sur la lumière et sa déformation sous l’eau sont aussi des plus réussis.
Conclusion
Un jeu bon pour l’âme. C’est probablement la phrase qui résumerait le mieux l’expérience qu’offre ABZÛ. Relaxant, portant parfois à l’émerveillement et même à la contemplation, le titre s’adresse à ceux qui veulent prendre leur temps sans avoir l’obligation de sauver le monde. Ici, on nage en plein bonheur, et ça fait du bien…