À ce moment, les organisateurs ont la mauvaise idée d'engager un combat entre M. Christopoulos et un autre Grec… Tumulte magnifique. De tous les points sur le Stade, le peuple entier proteste. Non, non ! Oki, Oki, Oki ! On n'admet point le sacrilège, on ne veut pas de lutte entre les hommes de même langue et de même sang. J'ai beaucoup admiré ce soulèvement hellénique. Il s'en produit ainsi, du même ordre, à tous les instants.
On s'afflige si l'Héllène en sautant à la perche manque la barre ou exécute de travers le rétablissement aux anneaux. Si l'Anglais, l'Américain ou le Français ont plus d'adresse et de bonheur, c'est un froncement de sourcil. La justice n'en souffre pas. Chacun admire ce qu'il convient d'admirer, mais il le fait d'un cœur plus ou moins généreux suivant les honneurs engagés. Aussi, loin d'étouffer les passions nationales, tout ce faux cosmopolitisme du Stade les exaspère.
(…) Non, les patries ne sont pas encore dissociées. La guerre non plus n'est pas morte. Jadis, les peuples se fréquentaient par ambassadeurs. C'étaient des intermédiaires qui atténuaient bien des chocs : les peuples déliés du poids de la terre, servis par la vapeur et l'électricité, vont se fréquenter sans procurations, s'injurier de bouche à bouche et s'accabler de cœur à cœur. L'ancien ludus pro patria (1) n'en sera que plus nécessaire."
(1) Devise de l'Association française de gymnastique faisant référence aux Jeux patriotiques antiques.