Source : Elle - Juillet 2016
Le comédien incarne le trader Jérôme Kerviel dans L'outsider, de Christophe Barratier. Un rôle en or ?
Avez-vous accepté facilement d'interpréter ce personnage contemporain ?
J'avais un peu peur et j'ai hésité à passer les essais. Parce que je connaissais mal le dossier de la Société générale et qu'interpréter un personnage contemporain est une sacrée responsabilité.
Pour construire votre personnage, avez-vous rencontré Jérôme Kerviel ?
Bien sûr. Impossible de faire autrement. J'avais besoin de me nourrir de ses réponse, savoir s'il ressentait de la joie quand tout marchait pour lui, s'il avait plongé dans le désarroi... Le rencontrer a constitué une matière première émotionnelle formidable et a conforté ma légitimité, mais j'étais aussi face à un être avec un poids immense sur les épaules.
Vous êtes-vous demandé s'il était coupable ?
Non. Je n'étais ni dans le jugement ni dans une analyse irrespectueuse. Huit ans s'étaient écoulés depuis que le scandale avait explosé. J'ai compris que cet homme n'appartenait pas au sérail de la finance, qu'il n'avait pas de réseau en arrivant et qu'il ne s'était pas enrichi. Lorsqu'un trader passe des ordres, il agit très vite, l'intensité est au maximum. Je n'ai joué ni un héros ni un anti-héros,mais quelqu'un qui perd pied.
Est-il venu sur le tournage ?
Oui, au tout début. Mais je pense qu'il ne se sentait pas à sa place. Forcément, ça devait le remuer. Et c'était même déconcertant pour les acteurs.