Vie et destin, roman de Vassili Grossman (1983)

Par Mpbernet

Un classsique, que Claude prend le temps de relire pour nous ....

La critique de Claude :

Beaucoup de critiques comparent Vie et Destin à Guerre et Paix, et donc Vassili Grossman à Léon Tolstoï. L’objet des deux œuvres est le même : décrire le destin de groupes d’hommes et de femmes, notamment de familles, confrontées à la guerre, offertes en sacrifice.

Les points de vue sont divers : celui du petit soldat de 19 ans, jeté dans la fournaise, celui de l’officier d’artillerie ou de chars sans illusion, qui va au sacrifice en toute conscience, celui du puissant commissaire politique, qui poursuit dans la steppe les intrigues nouées au KGB à Moscou, enfin celui de la maman rendue folle par la perte de son fils.

Les Russes ne sont pas seuls en cause : Grossman, bien avant « Shoah » de Lanzmann décrit le martyr du Peuple juif pris au piège des villes ukrainiennes ou biélorusses. Il cite aussi un point de vue allemand, avec le personnage de Liss, SS bureaucrate chargé d’une importante mission auprès de Himmler, dans la ligne définie à Wannsee.

D’ailleurs, les deux camps sont soumis au totalitarisme, à sa cruauté, à ses emprisonnements et a ses déportations arbitraires : cette position a valu au livre de ne pas être publié du temps de l'URSS.

Ce livre est utile à l’historien, mais il est aussi un grand livre humaniste, dont beaucoup de passages, par leur écriture, forcent l’admiration, celui-ci par exemple :

« Novikov sentait qu’ils parviendraient à leurs fins, qu’ils seraient plus forts, plus malins plus intelligents que leurs ennemis. Cette masse de bravoure, de calcul, de savoir faire, toute cette richesse humaine de combattants  qui pouvaient être au choix méchants, bons, coléreux, braves, prudents et une fois unis ils devaient vaincre car ils constituaient une trop grande richesse pour etre battus ».

Vie et destins, roman par Vassili Grossman, traduit par Alexia Berelowitch et Anne Coldefy-Faucard, publié chez Juillard - l'Age d'Homme, 821 p.