Après ce qui parut une éternité pour certains, No Man’s Sky est enfin disponible! Mais peut-il répondre aux énormes attentes infligées par tout le buzz des derniers mois?
Certes l’un des titres les plus anticipés de sa génération, No Man’s Sky s’est mis la barre haute en promettant de livrer la marchandise là où d’autres ont échoué auparavant : offrir aux joueurs un univers essentiellement infini dans lequel tout est généré de manière procédurale, selon un algorithme qui fait essentiellement le travail de conception à la place de l’équipe selon des règles strictes.
Dans ce contexte, le jeu est difficile, voire impossible à critiquer, puisque l’expérience personnelle de chacun sera pour ainsi dire unique. Il m’est toutefois possible de donner mes impressions sur la structure commune de l’expérience offerte par No Man’s Sky, malgré qu’il me reste encore beaucoup d’autres aventures à vivre.
Scénario
Incarnant le pilote d’un vaisseau spatial, on se retrouve d’abord sur une planète inconnue avec un vaisseau en panne. Notre but? Atteindre le centre de l’univers. Pourquoi? Parce que.
Notre but? Atteindre le centre de l’univers. Pourquoi? Parce que.
Attention, ce n’est pas une critique ici. Il faut seulement comprendre que la trame narrative ne respecte pas les conventions. Si vous êtes le genre de joueurs qui souhaite que l’on vous raconte une longue histoire afin de développer un sentiment d’attachement envers le protagoniste, on se retrouve ici beaucoup plus près de la formule popularisée par les FPS.
D’ailleurs, No Man’s Sky est un jeu en vision subjective. Dès les premiers instants, vous aurez envie d’y jouer avec le casque PlayStation VR, et bien que ce mode n’a toujours pas été officiellement annoncé, seules de graves contraintes techniques pourraient justifier que ce ne soit pas les intentions de son développeur, Hello Games.
Bien entendu, on ne peut atteindre le centre de l’univers en deux temps et trois mouvements. Le jeu appelle à l’exploration, et rapidement, on devient obsédé à l’idée d’accumuler des ressources, découvrir et développer de nouvelles technologies, et apprendre un nouveau vocabulaire.
Jouabilité
Le jeu est conçu selon quatre angles : exploration, marchandisage, combat, et survie. L’accent est toutefois porté sur l’exploration, qui s’impose dès le départ comme un incontournable pour progresser. On doit trouver des ressources pour alimenter notre vaisseau, pour explorer davantage, pour accumuler d’autres ressources, et ainsi de suite.
C’est par nos gestes que l’on agit à titre d’explorateur, de chasseur de primes, de marchand, de mineur, de pirate, etc.
En chemin, on rencontre des animaux de toute sorte, dangereux ou non, que l’on peut analyser (à la Metroid Prime) pour alimenter l’Atlas universel. Ce geste contribue progressivement à l’augmentation de notre niveau, qui permet par la suite d’accéder notamment à des zones réservées. Heureusement, si l’exploration occupe une bonne portion du jeu, quelqu’un de moindrement organisé pourra optimiser la gestion de ses ressources dans le but de pousser le jeu vers les autres angles.
Fondamentalement open world (ou devrait-on dire open universe), libre à vous de déterminer votre style de jeu. C’est par nos gestes que l’on agit à titre d’explorateur, de chasseur de primes, de marchand, de mineur, de pirate, etc. La perception que les NPC auront de vous peut varier au quart de tour, selon vos décisions volontaires ou vos simples gaffes.
Car en communiquant avec les quelques extra-terrestres que j’ai pu rencontrer à l’intérieur de mes quelques séances de jeu, il m’a été facile de ne pas répondre correctement à leurs énigmes. Néanmoins, on finit par comprendre progressivement la nature (pacifique ou agressive) de certaines races, de sorte que l’on parvient à savoir quoi dire pour qu’ils nous portent en haute estime. On se voit parfois récompensé après ces échanges, ce qui incite à apprivoiser les mœurs et coutumes de chaque espèce, et à multiplier la communication.
Malgré mes gaffes, je n’ai déclenché aucun incident diplomatique. Pour la première portion du jeu, les combats semblent survenir que contre des drones qui sillonnent certaines régions des planètes. Vous détruisez trop d’éléments à leur goût? Ils vous attaquent. Vous tentez de pénétrer à l’intérieur d’une base hautement surveillée en cognant votre arme contre la porte pour faire céder (avec succès) sa fortification? Ils vous attaquent, et appellent la cavalerie. Cavalerie dont la force de frappe peut rapidement jouer contre vous.
Lorsque les robots géants de la cavalerie débarquent, attachez votre tuque avec de la broche!
Bonne nouvelle : on se retrouve avec un nombre illimité de vies. On peut aussi récupérer notre arsenal et notre cargaison en se rendant à notre tombe, située à proximité du lieu où nous venons de ressusciter. Les forces ennemies ont disparu, et on peut tenter sa chance à nouveau ou abandonner. La fortification de la porte restera affaiblie, de sorte qu’on peut investir plusieurs vies lorsqu’on souhaite vraiment pénétrer les lieux. Bien entendu, une récompense nous attend à l’intérieur.
À noter que No Man’s Sky promet également des scènes de combats à bord de votre vaisseau spatial. Tout porte à croire que ce n’est qu’en créant des alliances que celles-ci deviennent accessibles. Je n’ai malheureusement pas pu pousser mon exploration aussi loin.
Une image qui donne envie de créer des alliances stratégiques.
La portion survie se résume à la gestion de notre état de santé et de notre combinaison spatiale. Celle-ci peut être équipée de technologie permettant de contrer la toxicité qui peut se trouver dans certains environnements, voire sur des planètes entières. Il faut bien entendu alimenter ces modules en ressources, et No Man’s Sky impose rapidement d’apprendre à en faire la gestion.
Certaines ressources sont plus rares que d’autres, et peuvent être vendues en échange de crédits permettant d’acheter d’autres ressources ou d’augmenter les capacités de son arme, qui sert également d’outil de forage.
L’espace de notre inventaire d’ailleurs est très limité, et impossible dès le départ de partir à la cueillette de n’importe quoi. À ce chapitre, No Man’s Sky peut rapidement déboussoler, étant donné le vaste catalogue de ressources que l’on peut amasser. Selon les objectifs à accomplir, on doit par exemple développer une technologie qui nécessitera de récupérer un nombre précis d’éléments, mais aussi de bâtir certaines pièces, qui également exigeront un nombre précis d’autres éléments. Il faudra naviguer dans les menus pour bien comprendre tous les prérequis permettant d’atteindre le but imposé. Dommage que ce type de tâche ne soit pas mieux présenté.
Design et ambiance
Esthétiquement, le jeu est superbe. Il n’est toutefois pas parfait techniquement. Et non, je ne suis pas en train de parler ici des problèmes corrigés par la mise à jour déployée hier matin.
L’exploration marine est également au rendez-vous.
Selon nos manœuvres à bord de notre vaisseau, on peut voir certains objets passer de leur version «beau de loin, mais loin d’être beau» à leur modèle plus détaillé. Ce genre de défaut est cependant facilement pardonnable étant donné l’énorme taille de l’univers proposé. D’autant plus que ce genre de défaut est également observable dans la plupart des jeux modernes.
La musique est plus dynamique lorsqu’on bascule en mode de combat, et étrangement rythmique à notre arrivée à bord d’une station spatiale.
En terme de couleurs (eh oui, je vais parler de couleurs), mon expérience personnelle a été fidèle aux images du jeu qui circulent depuis des mois. Beaucoup de rouge et de vert, avec des tons plutôt saturés. C’est fort joli, mais j’aurais espéré que No Man’s Sky offre un peu plus de variétés entre les planètes plus rapidement, ne serait-ce que pour mieux les distinguer dès les premières heures de notre partie. Encore une fois, je n’ai pas été en mesure d’explorer le jeu au complet, mais les images fournies par Hello Games prouvent que la variété est bel et bien au rendez-vous.
De nature très zen, la musique est calme et invite à l’exploration. Elle est plus dynamique lorsqu’on bascule en mode de combat, et étrangement rythmique à notre arrivée à bord d’une station spatiale, comme si nous étions sur le point de franchir une étape cruciale (alors que ce n’est pas toujours le cas). Par chance, cette ambiance se replace une fois à l’intérieur.
À noter que le peu de narration que No Man’s Sky propose est aussi offert en français, ce qui n’est pas toujours un acquis auprès des œuvres de jeunes studios comme Hello Games. De leur côté, les extraterrestres s’expriment dans leur dialecte, et le résultat ne s’apparente pas (contrairement à ce qu’on aurait pu s’attendre) à quelque chose tirée de Star Wars ou Star Trek.
Conclusion
No Man’s Sky est un jeu, lent certes, mais c’est surtout une expérience qui sera très appréciée des adeptes d’exploration et de microgestion. Si vous souhaitez vivre une aventure spatiale selon un scénario digne de Mass Effect, vous auriez avantage à passer votre chemin. Cela dit, pour son public cible, ce jeu vaut amplement son prix.
Pour ma part, j’ai l’impression que ma partie de No Man’s Sky se poursuivra sporadiquement au cours des prochains mois, car je me vois difficilement chercher à terminer ce jeu à tout prix. Je préfère de loin bien apprivoiser cet univers et ce qu’il contient, que de me retrouver catapulté devant un générique. C’est d’ailleurs probablement l’approche à privilégier.
Ce jeu me donne l’impression de vivre le quotidien d’un personnage tiré de l’univers de Star Wars. Pourquoi vouloir que cela cesse trop rapidement?