L’intérêt est là, celui de pouvoir raccourcir les délais de cicatrisation des dizaines de millions de patients porteurs de plaies chroniques, ulcères ou escarres, et, encore mieux avec une thérapie qui a déjà fait ses preuves -ici contre le cancer. C’est la proposition de ces scientifiques de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA) qui montrent que les fameux inhibiteurs de BRAF plébiscités dans le traitement du mélanome, valent aussi en topique pour la cicatrisation des plaies chroniques.
La thérapie ciblée a déjà montré des résultats prometteurs dans le traitement du mélanome avancé. Mais elle pourrait trouver aussi son intérêt dans le soin de plaies chroniques en accélérant la fermeture de ces plaies, caractérisées par un délai de cicatrisation supérieur à 3 mois.
Les chercheurs de l’UCLA ont testé cette nouvelle classe de médicaments, les inhibiteurs de BRAF (vemurafenib), qui font leurs preuves à la fois dans le traitement du mélanome et plus récemment ouvrent un espoir dans le traitement du cancer du poumon. Ces médicaments agissent en bloquant un gène muté dans le mélanome, ce qui bloque rapidement le développement de la tumeur. Ce traitement par inhibiteur de BRAF peut aussi déclencher un effet secondaire qui intéresse aujourd’hui ces scientifiques: une cascade » cellulaire » ou processus appelé » activation paradoxale de la voie MAPK « . Les chercheurs ont cherché à tirer parti de cet effet secondaire pour en faire un effet bénéfique pour la cicatrisation des plaies : en induisant l’activation paradoxale de la voie MAPK dans les cellules de la couche externe de la peau ou l’épiderme, il serait alors possible de restaurer la fonction barrière de la peau.
Un inhibiteur de BRAF en application topique : l’équipe démontre, in vitro et chez l’animal, que l’application locale de l’inhibiteur de BRAF (vemurafenib/Zelboraf®) directement sur la peau permet d’accélérer la cicatrisation des plaies cutanées. Une série d’autres analyses confirme que le vemurafenib active la production des cellules de la peau, conduisant à une épidermisation et une cicatrisation plus rapides de la plaie.
De prochains essais cliniques : bref, les inhibiteurs de BRAF topiques semblent très prometteurs pour favoriser la cicatrisation de la peau, non seulement après une blessure de type dermabrasion ou en cas de plaie chronique de type ulcère, ou même en post-op. Des modèles précliniques sont en cours de développement pour étudier davantage ces mécanismes, puis suivront les essais cliniques sur l’efficacité des inhibiteurs de BRAF dans le traitement des plaies à complications ou retard de cicatrisation.
Source: Nature Communications 01 August 2016 doi:10.1038/ncomms12348 Cutaneous wound healing through paradoxical MAPK activation by BRAF inhibitors (Visuel@Peter Bracke/UCLA)
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