"Information" doit être interprété comme un élément décoratif. Personne ne parle anglais à ce guichet.
Et personne ne comprend le thaï que je parle, ce qui m'enrage ! Mais tout le monde à l'air désolé...
J’ai repris sans grande conviction l’apprentissage de la langue thaïe. Après une suspension qui a bien duré six mois.A vrai dire, il s’agit d’élargir mon vocabulaire, qui est actuellement de 500 mots. J’ai lu autrefois que 500 mots, c’est ce qu’utilisaient les gens les plus frustes en France - le vocabulaire de base de la vie quotidienne.Ce vocabulaire est maintenant à ma disposition sans que je fasse d’effort de mémoire. Si je veux dire quelque chose à Mai, les mots viennent naturellement à l’esprit, je n’ai pas besoin de réfléchir, je pense en Thaï à ce moment. Mon thaï est installé dans le "buffer", il n’y a aucun passage par la langue française - du moins pour ce que j’en ressens. Ce qui veut dire qu’on peut parler couramment et très mal...Car je parle si mal qu’il n’y a pas grand monde qui me comprend. Quant à comprendre les autres, c’est encore pire. J’arrive à deviner, en fonction du contexte et d’un mot que je peux piocher ça et là dans ce qu’ils me disent. Pas plus.Il faut dire que la langue thaïe présente de nombreuses difficultés. L’une d’elle est l’indistinction - pour mon oreille européenne - du "R", du "L" et du rien du tout - consonne muette. Ainsi, la porte, qu’on pourrait transcrire phonétiquement par "patou", s’écrit "pratou". Ou bien déjà, qui s’écrit "Lèo", sonne presque comme rapide, qui se dit "Réo". La confusion des R, des L ou de leur absence de sonorité fait apparaître le discours thaï comme très indistinct - d’autant plus indistinct que la dernière consonne d’un mot, s’il y en a, n’est quasiment pas prononcée. Pour l'entendre, il faut vraiment tendre l'oreille.Mais on n'a pas le temps. Les mots thaïs étant nativement monosyllabiques (les mots de deux ou trois syllabes sont des mots composés, et très rarement des mots étrangers), le débit est très rapide - trop rapide pour moi.Une autre difficulté est dans la manière dont les tons sont présentés dans les méthodes d’apprentissage. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer les cinq tons possibles, ton bas _, ton haut ¯, ton moyen -, et ton ascendant / et descendant \. Ça paraît simple à comprendre, à défaut d’être simple à mettre en pratique. En réalité, le ton bas est précédé d’une légère descente, le ton haut d’une légère montée. En effet, il est quasiment impossible, à moins d’être un chanteur, de moduler sans transition ces différentes positions de la voix. Quant aux tons ascendants et descendants, chacun est précédé d’une modulation inverse : un ton ascendant est précédé d’une légère descente, et inversement pour le ton descendant. C’est dire la complexité de la pratique - et c’est sans doute pourquoi les gens ont du mal à me comprendre. Car il faut non seulement avoir appris par cœur tous ces tons pour chacun des mots, mais être capable de les mettre en musique.Mai ne me corrige jamais, et c’est dommage. Pour elle, l’utilité de la langue s’arrête à l’instant où elle a compris ce que je voulais dire. Je crois aussi qu’elle n’a pas une conception analytique de sa langue maternelle. Il est vrai qu’elle n’a pas la même expérience que moi - j’ai par exemple enseigné le français à des russes, et cette aventure m’a vraiment incité à examiner les difficultés de la langue française avec un regard différent.Pratiquement, j’insistais sur la correction de certaines fautes car elles aboutissaient à trop d’indétermination dans le sens de la phrase, et je négligeais totalement la correction d’autres fautes, qui n’empêchaient pas l’interlocuteur français de comprendre - et donnait au discours un adorable et reconnaissable style du "russe qui parle français".Je serais certainement plus motivé pour apprendre le thaï si j’avais d’autres perspectives que "passe-moi le sel". En russe, je voulais lire Ilf et Petrov, Isac Babel, et d’autres, ce que j’ai pu faire en partie, et j’ai lu beaucoup de contes traditionnels dans le texte. J’ai aussi découvert un mode de pensée différent à travers les publicités à la télévision comme sur les murs. En thaï, c’est pour l’instant le désert. L’alphabet thaï est bien plus complexe que l’alphabet cyrillique, grec (et même persan). Je suis donc loin d’imaginer pouvoir aborder la lecture d’une nouvelle d’un auteur contemporain. De plus, j’ai peine à m’imaginer en résonance avec les univers qu’il pourrait décrire, préjugé qui n'aide pas.Je crains de plus que les romans thaïs contemporains ne soient des productions occidentalisées, bâtardes, car on ne trouve pas de littérature thaïe avant le XVIIIème siècle. Et ce qui a suivi, ce sont essentiellement des textes religieux ou poétiques. Les romanciers thaïs d’aujourd’hui sont souvent des universitaires qui ont passé plusieurs années aux États-Unis. Tu me diras justement qu’ils peuvent représenter une passerelle entre le monde occidental et le monde thaï, rendant ce dernier plus compréhensible. Oui, pourquoi pas. Je campe néanmoins sur mes stupides préventions.
Les quelques films thaïs que j'ai vus ne m'ont pas encouragés. Pour couronner le tout, je viens de lire l'article Wiki consacré à la culture thaïe. Tandis que le paragraphe "littérature" prend trois ligne, le paragraphe consacré au pied, à sa symbolique chez les thaïs en occupe quatre. Oserai-je ? La littérature thaïe, c'est pas le pied.
Bon, je viens d’ajouter les mots qui permettent de différencier une mare d’un étang, un étang d’un lac dans le programme qui m'aide à réciter. Et aussi le mot slip (dont la variante slip de bain n'existe pas - le contraire eut été surprenant). Comment ai-je pu m’en passer si longtemps !Pas de ponctuation, pas de majuscules, et des lettres stylisées
qui s'éloignent beaucoup de l'alphabet traditionnel