Ce roman, rythmé par des titres de chapitres qui décomptent le nombre de jours avant le meurtre de la prochaine fillette, est un véritable page-turner, certes très linéaire dans sa construction et parfois un peu prévisible, mais qui entretient le suspense de la première à la dernière page. Mais cette fiction permet surtout à Cédric Bannel de livrer un portrait extrêmement réaliste de l’Afghanistan. Ce pays gangrené par la corruption, les conflits ethniques, l’intégrisme religieux et les trafics en tous genres semble finalement être le principal sujet du roman. L’auteur ne se contente cependant pas de montrer le Baad, la face obscure des hommes et de l’Afghanistan, mais également toute la beauté de cette région qui multiplie les paysages sublimes et tout le courage des hommes (et surtout des femmes) qui y (sur)vivent sans perdre espoir…
Dans ce pays où la plupart des dirigeants sont « Baad », comment ne pas s’attacher au « quomaandaan » d’Oussama Kandar, ancien tireur d’élite dans les troupes du commandant Massoud ? Ce policier intègre, incorruptible et juste, mettant tout en œuvre pour résoudre cette affaire de meurtres malgré les moyens dérisoires dont il dispose et les nombreux bâtons qu’on lui met dans les roues, ne laissera en effet personne indifférent. Là où les femmes ne sont rien et où tout est « haram », la complicité que l’auteur dévoile entre lui et sa femme fait d’ailleurs chaud au cœur. Face à un personnage aussi charismatique, l’héroïne de la seconde intrigue ne pouvait que faire pâle figure. Pourtant, l’auteur dresse non seulement le portrait d’une femme occidentale émancipée, capable/obligée de prendre les choses en mains afin de sauver sa famille d’une mort certaine et probablement particulièrement horrible, mais également celui d’une mère qui, tout comme celle de la prochaine victime du tueur en série, ne recule devant aucun sacrifice pour protéger sa progéniture. Alors certes, le personnage d’Oussama Kandar fait inévitablement de l’ombre à tous les autres, mais personne ne restera indifférents au courage de ces mamans et de ces « petites gens » qui parsèment le roman et qui tentent seulement de gagner quelques afghanis pour s’offrir un quotidien un brin meilleur…
Arrivé à la fin de ce thriller, une seule conclusion s’impose : ce « BAAD » est really GOOD et je vais d’ailleurs m’empresser de lire « L’Homme de Kaboul », l’autre roman de Cédric Bannel mettant en scène Oussama Kandar !