Et je prenais conscience, en cette forêt du sud d’Ajaccio, d’un début de XXIème siècle entièrement désemparé par l’effacement du sacré, par l’essor des individualismes nourris d’écrans tactiles et de virtualité, par l’absence de réponses immédiates pour éradiquer le monstre que nous avions sûrement engendré, dans les méandres du passé… Le père Hamel s’en est allé Au bout de son chemin de croix Son sang a sublimé la foi De la douceur martyrisée
Va-t’en Satan, lance l’agneau Avant de succomber à terre Au sol béni de ses prières Sans plus de haine pour le bourreau
C’est le sacré que l’on égorge Au cœur de l’humble sanctuaire Et le Djihad victimaire De profanation se rengorge
En forêt de Chiavari Les arbres géants de leur ombre Attisent une aquarelle sombre En ce moment lourd d’agonie
Les vieilles pierres en pénitence Suintent au cœur de mes pensées Comme une plaie pérennisée Par le passé de nos errances
Mais la clairière un ciel ouvert Présente en chemin d’espérance Le bleu manteau de tolérance Au corps blessé de l’Univers
Comme une promesse fragile De religions entremêlées Guidant les pas d’humanité Loin des contingences hostiles
Comme cette force végétale Recouvrant le pénitencier Le souvenir des suppliciés L’effroi des punitions brutales
Comme un cauchemar éventré Dans le concert de nos louanges Qu’on croie aux Dieux, qu’on croie aux anges Où qu’on navigue en mer athée…