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Miniaturiste (Jessie Burton)

Par Alexandra

90 Miniaturiste Jessie Burton

Le livre commence par la fin … "Ces funérailles devaient être discrètes …" Mais une fois les secrets éventés, on ne contrôle plus la foule, et on ne distingue plus la réalité de la légende.

Un roman superbe.

J'ai lu l'article de Delphine Peras (L'Express, 18 avril 2015). N'ayant rien à y ajouter, autant intégralement la citer. Son article s'intitule "Petits secrets d'une maison de poupée". Le voici :

Johannes - "qui parle toutes les langues sauf celle de l'amour" - se révèle fuyant;

Marin, glaciale; l'endroit, imposant; l'atmosphère, oppressante.

Pour occuper Nella, son époux lui offre une maison de poupée extrêmement sophistiquée, réplique exacte de leur intérieur. Elle sollicite un artisan spécialisé afin d'équiper ce jouet hors norme. Mais le mystérieux miniaturiste, invisible, lui fait aussi livrer objets et figurines non commandés, témoignant d'une étrange prescience: comme s'il (d'ailleurs, est-ce vraiment un homme ?) connaissait intimement les secrets des Brandt, que Nella va peu à peu percer à jour. 

En découvrant la maison de Petronella Oortman au Rijksmuseum en 2009,

90bis maison de poupée Miniaturiste Jessie Burton

Jessie Burton a tout de suite su qu'elle tenait là son sujet. "Tant de délicatesse et d'opulence m'ont fascinée", confie cette diplômée d'Oxford, comédienne de vocation - au théâtre et à la télévision -, assistante à la City par nécessité. Venue de Londres pour faire partager sa passion, d'une simplicité et d'une gentillesse confondantes, la jolie brune est intarissable: "A la fin du XVIIe siècle, ces maisons miniatures étaient très prisées des riches Hollandaises, mais celle de Petronella fut la plus fameuse, car la plus élaborée et la plus coûteuse. Tout le monde accourait pour l'admirer, même le tsar Pierre 1er est venu de Russie." A défaut d'en savoir plus sur sa propriétaire, qui, elle, n'est pas passée à la postérité, Jessie Burton a laissé son imagination galoper après s'être longuement documentée sur l'époque - quatre ans de travail. Son livre s'en ressent, qui restitue minutieusement une Amsterdam "brillante et boursouflée" selon l'expression de Johannes, ses hauts lieux, ses us, ses saveurs, ses odeurs. Et qui sonde au plus près son hypocrisie: "Les Amstel - lodamois amassaient d'immenses fortunes dans une société calviniste régie par l'intransigeance religieuse. J'ai voulu explorer cette zone grise." Notamment par le biais de la très ambivalente Marin. "Au début, elle apparaît à Nella comme un obstacle. Mais peu à peu, je révèle un monde de passions secrètes réprimées." 

Un reportage interview de l'Auteur

Son héroïne s'échine à déchiffrer cet univers obscur où les femmes semblent en liberté conditionnelle et ne s'en laisse pas conter. Sous les auspices de Jane Austen et de Margaret Atwood, ses auteurs de prédilection, Jessie Burton peaufine des personnages complexes, torturés, denses. Son écriture ciselée s'autorise toutes les audaces. Sensible, sensuel, sensationnel, Miniaturiste relève du grand art romanesque. 

C’est vraiment un grand plaisir de se plonger dans ce monde plein de paradoxes que ce siècle d’or à Amsterdam. La prospérité de la ville et de la Compagnie des Indes Orientales, l’enrichissement sans limites des marchands se paient d’un rigorisme religieux qui porte chacun à espionner son voisin, qui oblige chacun à masquer sentiments et à se garder de tout écart de conduite. La liberté n’est qu’apparente. Les entrepôts regorgent de biens odorants, parfumés et savoureux mais le puritanisme condamne les personnes à une vie grise et sans charme et à se nourrir de hareng plutôt que des délices en provenances d’orient.

Les personnages de Jessie Burton sont très bien mis en scène, sa puissance d’évocation est grande et l’on a aucune peine à imaginer dans cette maison tout droite sortie d’un tableau de Vermeer.

Nella et Marin sont deux très beaux personnages féminins, l’une par son ouverture d’esprit et son imagination, l’autre par son caractère passionné bien caché derrière un autoritarisme calculé.

Les rebondissements tiennent le lecteur en laisse et même s’il y a parfois une ou deux longueurs la lecture est très prenante.

Il semble que l’auteur a été comparée à Tracy Chevalier, il y a certes quelques ressemblances mais Jessie Burton me semble un écrivain plus ambitieux."

 

Quelques informations pratiques sur ce livre.

La biographie de l'Auteur.


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